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- Au théâtre aussi les jeunes gens priment toujours les vieillards
qui sont odieux ou ridicules. De là le mépris pour la vieillesse
à Paris, - ce qui n'existe pas dans les villes dénuées de théâtres. Réf. bibl.
- Le théâtre dispose l'âme à l'amour, même en lui présentant
des unions morales. On ne guérit point de l'amour par la peinture
de ses faiblesses car les spectateurs sont toujours du
parti de l'amant
faible et souvent ils sont fâchés qu'il ne le soit davantage.
Dans Bérénice, où Titus sacrifie l'amour, on souhaite qu'il
ne le sacrifie pas, tant on s'intéresse à sa
passion : « Titus
a beau rester Romain, il est seul de son
parti ; tous les
spectateurs ont épousé Bérénice » (p. 112). Si Titus abdiquait
l'empire et épousait Bérénice la pièce ne ferait pas moins d'effet
et les
spectateurs n'en sortiraient pas moins satisfaits. Les
tableaux de l'amour font donc plus d'impression que les maximes
de la sagesse et l'effet
d'une tragédie est tout à fait indépendant
de celui du dénouement. Réf. bibl.
- Les funestes effets de l'amour sont Ă©vidents
dans Zaïre, il en coûte la vie aux amants. Et pourtant on est loin
de sortir de la pièce prémuni contre l'amour. « Qu'Orosmane
immole ZaĂŻre Ă sa
jalousie, une femme sensible y voit sans
effroi le transport
de la passion ; car c'est un moindre malheur
de périr par la main de son amant que d'en être médiocrement
aimée. » (p. 115)
- Autre danger : l'amour au théâtre n'existe qu'entre
personnes parfaites. L'amant dédaigné est présenté au parterre
dans des couleurs odieuses ou ridicules. Sauf les Célimène
tout le reste du théâtre est un trésor de femmes parfaites.
« Il s'en faut peu qu'on ne nous fasse croire qu'un honnête
homme est obligé
d'être amoureux, et qu'une aimante aimée
ne saurait n'ĂŞtre pas vertueuse. Nous voilĂ fort bien
instruits. »(p. 118)
- L'effet général du reste est en outre d'énerver,
de rendre
incapable de résister à nos passions. S'il ne peut
rien pour corriger les mœurs, il peut beaucoup pour les altérer.Réf. bibl.
- L'habitude du théâtre fait contracter le goût
de la dissipation - changement des habitudes. Laissez un
peuple simple se délasser comme il l'entend. Dans une grande
ville soit, c'est une mesure de police. Éloge des petites villes.(p. 124)
- Il y a plus d'originalité. Tableau des passe-temps d'hiver des habitants de Neufchâtel.(p. 126 et suivantes)