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Cote : g226_1_f_095__r____ | ID_folio : 1290 | ID_Transcription : 2222 | ID_Image : 3869
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Exaltation du bas


CHRONIQUE
M. le prince de Joinville, député de la Haute-Marne, a prononcé à Langres l’allocution suivante à l’occasion de l’inauguration d’un monument funèbre élevé à la mémoire des gardes mobiles :
« Messieurs,
Jadis, après une guerre, on élevait des statues aux grands généraux. Aujourd’hui, nous confondons dans notre reconnaissance tous ceux qui, sans distinction, donnent leur vie pour la patrie : c’est justice !
N’est-ce pas à l’armée tout entière, à ses vertus guerrières, que sont dus les succès de nos époques de gloire, et n’est-ce pas son esprit de sacrifice qui hier encore honorait nos revers à Wissembourg, à Frœschwiller, à Metz, à Paris et sur tous ces champs de bataille où soldats et marins mouraient en héros ? N’est ce pas elle enfin qui, scrupuleusement éloignée de tout esprit de parti, nous a maintes fois déjà sauvés de l’anarchie ? Cette armée, jamais nous ne l’honorerons assez, ni elle ni ce qui en fait la base et la force : notre jeune soldat ! Avec quel entrain et quel admirable désintéressement il part au premier appel, quittant sa famille, son toit, tout ce qui lui est cher, pour courir au danger ! Quel modèle d’abnégation, de discipline sous le drapeau ! Que d’actes d’héroïsme et de cet héroïsme anonyme si touchant ne lui voyons-nous pas accomplir avant que, frappé mortellement, il ne dise tranquillement à son voisin : J’ai mon compte ! et ne s’en aille se coucher dans un fossé pour mourir, sans pouvoir envoyer aux siens d’autre souvenir que ce triste mot : Disparu ! C’est là le devoir patriotique poussé à ses dernières limites, le grand exemple à montrer, devant lequel pâlissent tous les dévoûmens secondaires, quelque retentissans qu’ils soient !
Je voudrais que chaque département, chaque ville, chaque village pût élever comme nous un monument à ceux de ses enfans qui sont morts pour la France avec un si simple courage. Je voudrais plus encore : je voudrais que, lorsque nous relèverons la colonne Vendôme, ce grand souvenir de gloire abattu par la Commune aux applaudissemens de nos ennemis, nous placions à son sommet la statue d’un simple soldat comme le plus noble symbole du dévoûment à la patrie !
Aujourd’hui surtout que notre jeunesse tout entière doit aller faire son apprentissage dans les rangs de l’armée, nous devons lui montrer la vie de soldat comme l’école du devoir, du devoir honoré et glorifié.
Espérons que de cette école chacun rapportera l’esprit d’ordre, de discipline, de persévérance nécessaire pour tenir notre rang à côté des puissances stables et guerrières qui nous entourent. Espérons que du contact de toutes les classes confondues dans les rangs de l’armée naîtront des sentimens de camaraderie, de mutuelle estime, de solidarité qui nous permettront enfin de nous arrêter sur la pente fatale qui, en moins d’un siècle, nous a menés à tant d’agitations, de sanglantes discordes et par-dessus tout à trois invasions !
Puisse ce vœu de concorde, émis ici devant la tombe des victimes de la dernière de ces invasions, être entendu, et puissions-nous mettre un terme à nos révolutions incessantes, à nos énervantes et désastreuses dissensions, pour nous unir dans un seul but : la grandeur de la France ! » –
RĂ©f. bibl.

Transcription : Stéphanie Dord-Crouslé

Page préparée pour le « second volume »

Titre de la page : Exaltation  du bas

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