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Cote : g226_2_f_043__r____ | ID_folio : 557 | ID_Transcription : 1080 | ID_Image : 1670
Granier de CassagnacGers. On écrit d’Aignan au Courrier du Gers :«  M. Granier de Cassagnac continue à recevoir des populations du Gers les témoignages de gratitude que lui ont mérités la part qu’il a généreusement prise au rétablissement de l’ordre, et au dévouement qu’on lui sait à la personne et à la politique du prince-président.Dimanche dernier, un banquet lui a été offert à Aignan, au nom des autorités municipales et des notables habitants de toutes les communes du canton.M. Granier de Cassagnac a été reçu à l’entrée de la cité sous un arc de triomphe élégamment décoré par les dames de la ville. M. Laignoux, maire, ayant a ses côtés M. Laflont, adjoint, le conseil municipal, le clergé, les maires, le tribunal de paix et les autres fonctionnaires du canton, la gendarmerie, etc., et entouré d’un grand concours d’habitants, lui a adressé un discours. »Ce discours est trop long pour que nous le reproduisions en entier. Nous en extrayons le passage suivant :« Quel Français digne de ce nom, pourrait méconnaître aujourd’hui l’immense service que votre plume a rendu à la civilisation avant le 2 décembre, alors que, bravant les cris et les menaces, elle peignait en traits de feu l’avenir réservé à la France : alors qu’elle démontrait, avec cette irrésistible logique qui vous est propre, qu’un homme, un homme seul, était appelé à conjurer la tempête.Grâces vous soient rendues, monsieur le député, une semblable inspiration n’était dévolue qu’à un cœur droit, qu’à une haute intelligence. L’histoire en gardera le souvenir. Vos écrits publiés à cette époque seront pour elle ce que furent jadis, dans un autre ordre d’idées, le chant des prophètes. »M. Granier de Cassagnac a répondu. Nous lisons dans son discours :« Vous avez choisi et vous accueillez en moi le défenseur constant et inébranlable de la religion et de l’ordre, l’ami dévoué et le serviteur énergique du prince Louis-Napoléon.Oui, et c’est pour moi une grande consolation quand j’y pense, j’ai toute ma vie aimé, honoré, défendu la religion. A mesure que j’avance en âge, à mesure que je travaille et que je m’instruis, je suis de plus en plus frappé et transporté des sublimes enseignements du christianisme.Vous, que votre humble condition retient dans les campagnes et dans les villages, et qui regrettez sans doute les leçons si savantes qu’on écoute dans les académies des grandes cités, n’exagérez pas vos regrets. Vous avez près de vous le professeur le plus instruit de toutes les vérités fondamentales nécessaires à votre condition ; c’est le curé de votre paroisse ; vous avez sous vos yeux, depuis votre enfance, le livre que tous les philosophes du monde réunis n’auraient pas su composer, c’est le catéchisme du diocèse.Avec ce professeur et avec ce livre, on apprend partout à être honnête homme, soumis aux lois, voué au travail, prêt à mourir pour sa famille et pour son pays. Et si, en écoutant mes paroles, vous vous reportez par la pensée aux redoutables crises que la France a traversées depuis quatre ans, aux élections de l’assemblée constituante, aux élections du président, aux élections de l’assemblée législative, vous vous rappellerez que toujours c’est le bon sens des campagnes qui a préservé la société, c’est la simplicité droite et morale des paysans qui a sauvé la vie, la famille et les biens des hommes fiers de leur science.Ce n’est donc pas sans raison que vous honorez la religion et ceux qui la défendent, car son enseignement, répandu dans les campagnes et dans les villages, a été la digue contre laquelle le flot dévastateur du socialisme s’est brisé ; car, obéir à la religion, c’est respecter la famille, la propriété, le pouvoir, toutes les bases sur lesquelles la société repose.Oui, je l’avoue encore et j’en suis fier, je suis l’ami dévoué, le serviteur fidèle et résolu du prince Louis- Napoléon.De quelque côté que se portassent mes yeux je ne trouvais nulle part rien de solide pour y asseoir la société, rien de ferme et d’inébranlable pour y fixer la France, entraînée vers l’abîme ; et, dans l’angoisse de mon âme, j’adressais à la Providence cette parole de l’apôtre à Jésus endormi sur le lac de Génésareth : Seigneur, sauvez-nous, nous périssons !La Providence ne fut pas sourde à ce cri de mon cœur. »

Transcription : Stéphanie Dord-Crouslé

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