Granier de CassagnacGers. On écrit d’Aignan au Courrier du
Gers :« M. Granier de Cassagnac continue à recevoir des
populations
du Gers les témoignages de gratitude que
lui ont mérités la part
qu’il a généreusement prise au
rétablissement de l’ordre, et au dévouement qu’on lui
sait Ă la personne et Ă la politique du
prince-prĂ©sident.Dimanche dernier, un banquet lui a Ă©tĂ© offert Ă
Aignan, au nom des autorités
municipales et des notables habitants de toutes les communes du canton.M. Granier de Cassagnac a été reçu à l’entrée de
la cité
sous un arc de triomphe élégamment décoré par
les dames de la
ville. M. Laignoux, maire, ayant a ses
côtés M. Laflont, adjoint, le conseil municipal, le clergé,
les
maires, le tribunal de paix et les autres fonctionnaires du canton, la gendarmerie, etc., et entouré d’un
grand concours d’habitants, lui a adressé un discours. »Ce discours est trop long pour que nous le reproduisions en entier. Nous en extrayons le passage suivant :« Quel Français digne de ce nom, pourrait méconnaître aujourd’hui l’immense service que votre plume
a rendu à la civilisation avant le 2 décembre, alors que, bravant
les cris et les menaces, elle peignait en traits de feu l’avenir
réservé à la France : alors qu’elle démontrait, avec cette irrésistible logique qui vous est
propre, qu’un homme, un homme seul, était appelé à conjurer la
tempête.Grâces vous soient rendues, monsieur le député, une
semblable
inspiration n’était dévolue qu’à un cœur
droit, qu’à une haute
intelligence. L’histoire en gardera
le souvenir. Vos écrits publiés
Ă cette Ă©poque seront
pour elle ce que furent jadis, dans un autre
ordre d’idées, le chant des
prophètes. »M. Granier de Cassagnac a répondu. Nous lisons dans son discours :« Vous avez choisi et vous accueillez en moi le défenseur constant et inébranlable de la
religion et de l’ordre, l’ami dévoué et le serviteur énergique du
prince Louis-Napoléon.Oui, et c’est pour moi une grande consolation
quand j’y pense, j’ai toute ma vie aimé, honoré, défendu la religion. A mesure que j’avance
en âge, à mesure que je travaille et que je m’instruis, je suis de
plus en plus frappé et transporté des sublimes enseignements du christianisme.Vous, que votre humble condition retient dans
les
campagnes et dans les villages, et qui regrettez sans
doute les leçons si savantes qu’on écoute dans les académies des grandes cités, n’exagérez
pas vos regrets. Vous avez près de vous le professeur le plus
instruit de toutes les vérités fondamentales nécessaires à votre
condition ; c’est le curé de votre paroisse ; vous avez
sous vos yeux, depuis votre enfance, le livre que tous les
philosophes du monde réunis n’auraient pas su composer, c’est le catéchisme du diocèse.Avec ce professeur et avec ce livre, on apprend
partout à être honnête homme, soumis aux lois, voué
au
travail, prĂŞt Ă mourir pour sa famille et pour son
pays. Et si, en
Ă©coutant mes paroles, vous vous reportez
par la pensée aux
redoutables crises que la France a traversées depuis quatre ans, aux élections de l’assemblée
constituante, aux élections du président, aux élections de
l’assemblée législative, vous vous rappellerez que toujours c’est le bon sens des campagnes
qui a préservé la société, c’est la
simplicité droite et morale
des paysans qui a sauvé la vie, la famille et les biens des
hommes fiers de leur science.Ce n’est donc pas sans raison que vous honorez
la
religion et ceux qui la défendent, car son enseignement, répandu dans les campagnes et
dans les villages, a été la digue contre laquelle le flot
dévastateur du socialisme s’est
brisé ; car, obéir à la religion, c’est respecter la famille, la propriété, le pouvoir, toutes les
bases sur lesquelles la société repose.Oui, je l’avoue encore et j’en suis fier, je
suis l’ami
dévoué, le serviteur fidèle et résolu du prince Louis-
Napoléon.De quelque côté que se portassent mes yeux je
ne
trouvais nulle part rien de solide pour y asseoir la société, rien de ferme et d’inébranlable
pour y fixer la France, entraînée vers l’abîme ; et, dans
l’angoisse de mon âme, j’adressais Ă la Providence cette parole de l’apĂ´tre Ă
Jésus endormi sur le lac de Génésareth : Seigneur, sauvez-nous, nous périssons !La Providence ne fut pas sourde à ce cri de mon
cœur. »