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Cote : g226_4_f_079__r_bv__ | ID_folio : 2384 | ID_Transcription : 2464 | ID_Image : 7151
gauche un coup terrible qui m’étourdit presque. Je me retourne et j’aperçois à l’angle de la rue Drouot, à trois pas, M. Scholl, tenant à deux mains, par la tige, une canne mince, flexible, noire, avec une pomme très grosse, ce qu’on appelle casse- tête ou canne plombée. Il s’avance vers moi, en gesticulant comme un fou, pour m’assommer. Afin de sauver ma vie, je suis obligé de tirer mon couteau de ma poche, n’ayant pas d’armes de défense. Je saute à la gorge de M. Scholl, et le menace, en le traitant de lâche et d’assassin. Cet homme alors devient livide, se met à trembler de tous ses membres, jette sa canne au loin sans doute pour que je m’élance après elle, et pouvoir s’échapper. Mais je ne le lâche pas. Alors il balbutie : « Je suis sans armes, sans défense, c’est un crime de cour d’assisses, ne me tuez pas. » Ce malheureux alors me fait pitié, je lui fais grâce, mais le saisissant par la manche, je l’entraîne chez le commissaire, en tenant mon couteau ouvert dans la poche, le menaçant de m’en servir, s’il tente de s’échapper. Il obéit docilement, et je le présente à M. le commissaire en lui disant : « Je vous amène cet homme. » Le procès-verbal en fait foi. Voilà l’exacte vérité. Ainsi, il est faux que j’aie vu M. Scholl, que je lui aie parlé avant de recevoir son coup d’assommoir ; il est faux que j’aie mis le couteau à la main avant ma blessure, puisque je lisais une lettre. La version que l’on vous a donnée se réfute d’elle-même : si j’avais le caractère assez violent pour, dans une discussion, mettre le couteau à la main, après un coup de cravache dans la figure, comme vous dites, je me serais servi de mon arme, et M. Scholl en porterait les terribles traces. Il n’est pas blessé. C’est donc une calomnie ; c’est trop évident. J’ai été attaqué par derrière par M. Scholl. Il a saisi le moment où il n’y avait personne entre nous deux, ni derrière lui. Il y a d’ailleurs assez longtemps qu’il fait contre moi d’horrible menaces de mort pour expliquer son guet-apens du 28 courant. Et à l’inspection de la blessure, il est incontestable, palpable même, pour tous, que le coup a été porté d’arrière en avant. La pomme en plomb est venue me frapper sous l’œil, et la tige sur la joue, jusqu’à l’oreille également. Plainte est portée au parquet contre cet attentat, car il faut en finir avec ces menaces de mort, qui viennent d’avoir un commencement d’exécution. Puisqu’il vous plaît de parler à plusieurs reprises de mes décorations, je dois vous dire que là encore on vous a induit en erreur. M. Scholl le sait bien, puisqu’il a refusé d’insérer ma réponse dans son Lorgnon, et qu’il est poursuivi pour ce fait. Il y a bien longtemps que mes titres et mes brevets de grand-cordon de François Ier sont à la chancellerie de la Légion-d’honneur. Il était donc impossible que cette question pût m’occasionner d’autre sentiment que celui de la satisfaction. Je compte trop, Monsieur, sur votre loyauté pour employer la formule ordinaire ; je vous prie donc d’insérer cette lettre dans votre plus prochain numéro. J’ai bien l’honneur de vous saluer. Comtedu bisson, 48, boulevard du Prince-Eugène.Réf. bibl.COURRIER DU JOURLe décret a paru. Convoqués pour les 21 et 22 novembre prochains, les électeurs de Paris vont pourvoir au remplacement de MM. Gambetta, Bancel, Jules Simon et Ernest Picard. Deux faits contribuent à rendre ces quadruples élections extrêmement graves. L’un, c’est le conseil donné par le Rappel et le Réveil, de ne voter que pour des hommes refusant de prêter le serment préalable prescrit par la Constitution. L’autre, c’est la pénurie grande de candidats sérieux, j’entends de candidats offrant les mêmes garanties de talent que MM. Gambetta, Bancel, Jules Simon et Ernest Picard et se soumettant, comme Feuilleton du gaulois du 1er novembre n°2LA FENÊTRE nouvelleMon ami intervint. – Vous vous pâmez d’aise avec un dédain de fort tireur, je présume. Je vous demanderai grâce pour ma part car je n’ai touché de ma vie à une arme à feu, et s’il fallait commencer, je ne dédaignerais pas de m’essayer à travers les branches des cerisiers de Montmorency. Je me réserve même dans le parc de l’Orangerie un coin d’arbres que je sacrifierai à cet exercice – Vous vous proposez donc, monsieur, de faire l’acquisition de cette pittoresque propriété. – Assurément, et, pour vous parler sans feinte, j’avais tout à l’heure une crainte extrême que vous ne la visitassiez dans le même but. – Vous ne vous trompez pas, mais elle est flanquée de hautes murailles dont l’aspect réveille en moi un affreux souvenir. Sur quoi nous respirâmes, chacun à notre façon : l’étranger péniblement, mon ami, avec un poids de moins sur la poitrine, et moi, respectueusement. L’inconnu allait-il nous initier à son affreux souvenir ? Une exclamation involontaire engage quelquefois plus qu’on ne voudrait. Éprouvait-il le besoin de nous expliquer ses bizarreries ? Était-il de ces hommes qui ne peuvent garder pendant huit jours le secret de leur vie ? Ce secret lui rongeait-il le cœur ? Éprouvait-il, une fois de plus, le besoin de l’en arracher et de le jeter au vent ? – Non, monsieur, dit-il, je n’irai pas

Transcription : Nathalie Petit

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