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Cote : g226_5_f_228__v_do__ | ID_folio : 2383 | ID_Transcription : 2742 | ID_Image : 7148
fantaisie. Si plus tard il parvient à se diriger dans l'air et à naviguer sous l'eau, il n'y aura dans ces grands événements rien qui dépasse les légitimes inductions tirées des faits que nous venons de rappeler. Mais roulera-t-on sur le lit des mers, comme le veut M. Steele, ou naviguera-t-on entre deux eaux, ou fera-t-on l'un et l'autre ? C'est ce que l'avenir décidera. Le dernier de ces procédés est celui qui promet de devenir le plus prochainement pratique, grâce à M. le docteur Payerne. M. Payerne est, comme on sait, inventeur d'un bateau plongeur qui, après avoir fonctionné dans la Seine, est employé en ce moment aux travaux sous-marins de l'un de nos ports. Or, un rapport lu à la Société d'encouragement nous apprend que M. Payerne se propose de faire construire un bateau de plus fortes dimensions, avec une chambre de travail plus vaste, par conséquent, et muni de plusieurs portes de fond et de portes latérales. II espère imprimer à ce bateau une propulsion énergique en employant la vapeur comme force motrice. La génération de la vapeur aurait lieu dans une chaudière chauffée à l'aide d'un combustible particulier, fournissant lui-même l'oxygène nécessaire à la combustion. La dépense ne serait que de 1 fr.50 c. par force de cheval et par heure. « L'auteur, dit M. Félix Leblanc, n'a pas autorisé vos commissaires à publier les détails du projet, à l'appui duquel il nous a présenté des plans. L'un de nous a vu dans les ateliers de feu M. Lemaître-Cavé un modèle d'une chaudière chauffée par le combustible oxygéné, et destinée à mettre en mouvement une petite machine de la force d'un cheval. Il parait qu'elle a fonctionné avec régularité ; mais à l'époque où elle nous a été montrée, l'appareil était endommagé et n'a pu être mis en activité.  Sans vouloir décider la question de réussite des appareils projetés, nous admettons la possibilité d'engendrer la vapeur en abondance avec le nouveau combustible, sans que la présence de l'oxigène de l'air soit nécessaire pour alimenter la combustion. Votre rapporteur a même fait à ce sujet quelques expériences avec un vase de la capacité de 1 à 2 litres, appartenant à M. Payerne, et qui a servi à produire la vapeur et à chauffer des mélanges destinés à dégager l'oxygène : une fois le mélange allumé au moyeu d'un fragment de matière incandescente, on peut entretenir la combustion et la température nécessaire par de nouvelles additions de la matière combustible. » IIIL'espace m'a manqué pour donner dans le précédent feuilleton le récit singulier auquel j'ai fait allusion en racontant les expériences de M. Séguin. Ce qu'on va lire est emprunté à un officier anglais, M. Osborne, qui a publié sur la cour de Rundjet-Sing un livre des plus recommandables. Je dois ajouter que le général Ventura, qui figure parmi les témoins de ce fait extraordinaire, ayant été interrogé à ce sujet lors d'un voyage qu'il fit à Paris, en a certifié l'exactitude. « Le 6 juin 1838, la monotonie de notre vie de camp fut heureusement interrompue, dit M. Osborne, par l'arrivée d'un individu célèbre dans le Pendjab. Il jouit parmi les Sikes d'une grande vénération, à cause de la faculté qu'il a de rester enseveli sous terre aussi longtemps qu'il lui plaît. On rapportait dans le pays des faits si extraordinaires sur cet homme, et tant de personnes respectables en garantissaient l'authenticité, que nous étions extrêmement désireux de le voir. Il nous raconta lui-même qu'il exerçait ce qu'il appelle son métier (celui de se faire enterrer) depuis plusieurs années ; on l'a vu en effet, répéter cette étrange expérience sur plusieurs points de l'Inde. Parmi les hommes graves et dignes de foi qui en rendent témoignage, je dois citer le capitaine Wade, agent politique à Lodhiana. Cet officier m'a affirmé très sérieusement avoir assisté lui- même à la résurrection de ce fakir, après son enterrement, qui avait eu lieu quelques mois auparavant, en présence du général Ventura, du maharadjah et des principaux chefs sikes. Voici les détails qu'on lui avait donnés sur cet enterrement, et ceux qu'il ajoutait d'après sa propre autorité, sur l'exhumation :  À la suite de quelques préparatifs qui avaient duré quelques jours et qu'il répugnerait d'énumérer, le fakir déclara être prêt à subir l'épreuve. Le maharadjah, les chefs sikes, et le général Ventura se réunirent près d'une tombe en maçonnerie construite exprès pour le recevoir. Sous leurs yeux le fakir ferma avec de la cire, à l'exception de sa bouche, toutes les ouvertures de son corps, qui pouvaient donner entrée à l'air ; puis il se dépouilla des vêtements qu'il portait : on l'enveloppa alors dans un sac de toile, et, suivant son désir, on lui retourna la langue en arrière, de manière à lui boucher l'entrée du gosier ; aussitôt après cette opération, le fakir tomba dans une sorte de léthargie. Le sac qui le contenait fut fermé, et un cachet y fut apposé par le maharadjah. On plaça ensuite ce sac dans une caisse de bois cadenassée et scellée qui fut descendue dans la tombe ; on jeta une grande quantité de terre dessus, on foula longtemps cette terre, et on y sema de l'orge ; enfin des sentinelles furent placées tout à l'entour, avec ordre de veiller jour et nuit.  Malgré toutes ces précautions, le maharadjah conservait des doutes ; il vint deux fois dans l'espace de dix mois, temps pendant lequel le fakir resta enterré, et il fit ouvrir devant lui la tombe ; le fakir était dans le sac, tel qu'on l'y avait mis, froid et inanimé. Les dix mois expirés, on procéda à l'exhumation définitive.  Le général Ventura et le capitaine Wade virent ouvrir les cadenas, briser les scellés et élever la caisse hors de la tombe. On retira le fakir : nulle pulsation, soit au cœur, soit au pouls, n'indiquait la présence de la vie. Comme première mesure destinée à le ranimer, une personne lui introduisit très doucement le doigt dans la bouche, et replaça sa langue dans la position naturelle. Le sommet de la tête était seul demeuré le siège d'une chaleur sensible. En versant lentement de l'eau chaude sur le corps, on obtint peu à peu quelques signes de vie. Après deux heures de soins, le fakir se releva et se mit à marcher en souriant.  Cet homme vraiment extraordinaire raconte que durant son ensevelissement, il a des rêves délicieux, mais que le moment du réveil lui est toujours très pénible. Avant de revenir à la conscience de sa propre existence, il éprouve des vertiges.  Il est âgé de trente ans ; sa figure est désagréable et a une certaine expression de ruse. » On me dira : ajoutez-vous une foi entière à cet étrange récit ? — Non ; parce que le fait étant en opposition avec le cours ordinaire des choses, a besoin de témoignages plus imposantsque ceux qui l'accompagnent. — Alors, vous le niez donc ? — Pas davantage ; et pourquoi nierions-nous ? Parce qu'il ne s'accorde point avec ce que nous savons ? La belle raison ! Connaissons-nous toutes les propriétés de la vie ? La probabilité du contraire est si grande, qu'elle équivaut presque à une certitude. Si le récit précédent n'est point décisif, il ne renferme cependant rien qui nous autorise à le regarder comme mensonger. Qu'y a-t-il donc à faire ? Ici, comme dans toutes les circonstances de la vie scientifique, nous devons nous garder également et de cette légèreté qui accueille sans examen tout fait étrange, par cela seul qu'il est étrange, et de cette étroitesse d'esprit qui repousse toute nouveauté dès qu'elle a le tort de s'écarter de ce que nous appelons pompeusement la règle. Enregistrer les faits et les tenir en quarantaine jusqu'à ce qu'ils aient produit leurs preuves, telle est la conduite à tenir. Le principe est bon à rappeler. On l'a oublié le jour où l'observation faite à Blois fut communiquée à l'Académie des sciences. Nous insistons sur cette observation, parce que, constatant un fait en dehors des conditions physiologiques connues, elle peut révéler une propriété nouvelle de la vie. Mais, dira-t-on, ce n'est, après tout, qu'une exception. Qu'entendez-vous par exception, demanderons-nous ? — Une exception est un fait en dehors d'une règle et qui la confirme. A l'aide de cette réponse banale et niaise, et sous prétexte que la règle peut se passer d'un supplément de preuves, on se tient pour quitte envers une multitude de faits qui, examinés avec soin, pourraient ébranler l'édifice qu'on admire afin de ne point avoir à le reconstruire. Une exception est un fait en dehors de la règle ? Dites qu'il est en dehors de telle ou telle règle. Mais est-il exempt de lois ? C'est un fait qui confirme la règle ? Dites qu'il la limite, dites qu'il prouve que cette règle n'a point la généralité qu'on lui attribuait ; qu'à côté d'elle il en est une autre qui partage avec la première la direction des faits. Si, au lieu d'enterrer dans les recueils scientifiques aussi profonds que les cartons d'un ministère, les faits mis hors de doute par M. Seguin et qui se sont multipliés pendant deux siècles, on avait eu l'idée de les vérifier, (cette idée si simple que les hommes du métier n'ont pas eue) ; si après en avoir constaté l'exactitude, on en avait étudié les conditions, si on avait cherché dans tous les recoins de la physiologie les faits du même genre qui peuvent s'y rencontrer ; la science serait aujourd'hui en possession d'un faisceau d'observations qui auraient profondément modifié les idées courantes sur le principe de la vie et ses manifestations, car il est évident que ce fait ne restera pas isolé. D'abord deux séries d'observations semblent naturellement y conduire : d'une part, le ralentissement de l'action vitale qu'on observe chez les animaux hibernants  ; d'autre part, la suspension de fonctions qui a lieu dans des cas de maladies, suspension qui porte tantôt sur la vie de relation, tantôt sur la vie organique, quelquefois sur les deux en même temps.

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