Amélie Bosquet
- L’expansion de la vie intérieure par la conversation, n’est-ce
pas lĂ aussi un des plus
grands charmes de la femme ? Pourquoi donc les femmes créées par M. Flaubert ne parlent
elles pas ? Elles laissent échapper quelques mots, quelques phrases, ce qu’on appelle
la
réplique en monosyllabes et c’est tout ! On croirait que l’auteur craint, s’il pensait
pour elles, de leur faire
cadeau de son esprit, ou, s’il traduisait simplement celui de
leurs modèles, de leur donner plus de bêtise qu’on n’en
pourrait supporter. Mais les
rares paroles qu’il met dans leurs bouches comme dans celle de tous ses personnages sont
suffisamment significatives pour nous les faire connaître, ce sont des traits de caractère,
j’en conviens !
Cependant jamais un mot, si frappant qu’il soit, ne remplacera
l’analyse des pensées et des sentiments pas plus que
la lueur rapide de l’éclair ne
peut remplacer la diffusion de la lumière du soleil ! le procédé de M. Flaubert convient mieux
au théâtre qu’au livre. Rien n’est plus triste d’ailleurs qu’un long roman sans
conversation ou sans confidence de femme ; c’est comme un printemps sans ramage
d’oiseau.
Le droit des femmes (11 octobre 1869) - L’organe de la revendication des droits de la femme, c’est Mlle Vatnaz entremetteuse
et voleuse. Nous ne la citons que pour mémoire, l’honorabilité bien connue de celles
des nôtres de nos devancières dont le nom est resté nous dispensant de repousser cette
injure faite Ă notre
cause.RĂ©f. bibl.
- Il prétend planer au-dessus de son œuvre comme le dieu des
spiritualistes au-dessus
la création. Mais ce dieu aperçoit au
moins le bien comme le mal jusque dans leurs
profondeurs. Pour M. Flaubert le bien n’existe pas, ou ce n’est qu’une faiblesse ; l’art
c’est le vrai, le vrai c’est le spectacle de
l’homme et de la société saturés par le mal.
- Il stérilise son talent par l’orgueil d’un faux système qui n’est peut-être au fond
que le système de l’orgueil.
Le droit des femmes. (18 Octobre 1869)