Examen de la Philosophie de Bacon

De Maistre. 1836. 2 v. in-8

Le seul moine de son nom, dont Bacon parle assez légèrement avait mis dans

ses écrits infiniment plus de vérités que le chancelier d’angleterre n’en connaissait

et même n’en pouvait comprendre, s’il eût entrepris de l’étudier. » t 1er 3.

« l’image se présente avant tout à son esprit & le contente » - 5.

gds Hommes Bacon

- - son imagination malade d’orgueil

Le doute de Descartes

impossible car « chaque philosophe s’élance nécessairement dans la carrière

avec toute la masse de connaissances qu’il a trouvée autour de lui » 10.

« espérons cependant qu’un Roi légitime ramènera à la fois chez elle (la nation française)

la puissance, & les idées innées ». note de la p. 12.

idée Kant

- se moque de Kant. « lorsque ses drogmans se sont présentés pr expliquer

ces belles choses aux Français, ceux-ci se sont mis à rire ! » 13.

la Science physique expérimentale

ne saurait appartenir qu’à des chrétiens - c’est prquoi Aristote ne l’a pas connue ( 26.

id.

« Bacon absolument dépourvu de l’esprit d’analyse, non seulement ne savait pas résoudre les questions, mais

ne savait pas même les poser. » 37.

« Son style est pr ainsi dire matériel. - Il n’y a pas dans toutes ses œuvres une ligne un mot qui

s’adresse à l’esprit » 57.

Jugemt esth.

vrai

tout homme qui écrit sur la métaphysique d’un art prouve qu’il n’a point de

talent pr cet art. Nulle exception à cette règle » - ( 72

De l’expérience et du génie des découvertes. De M. est d’une mauvaise foi insigne

en proir proscrivant la méthode, au nom du génie. - Bacon, au contraire

recommande l’expérience pr tout savant. De M. exalte le génie, comme si le

génie était un moyen que l’on pût choisir.

id. Bacon

« homme étranger à toutes les sciences & dont toutes les idées fondamentales étaient fausses ! » 82

« la gloire factice accordée à Bacon n’est que le loyer de sa métaphysique pestilentielle.

belle idée scientifique les alchimistes ont inventé le verre !

( 90). « dès que le verre fut commun, il devint impossible de

n’en pas connaître les propriétés les plus importantes » tout cela pr prouver

ce que les Sciences doivent aux chrétiens.

« enfin ils (les alchimistes) nous donnèrent le verre, c’est-à-dire

qu’au lieu d’une rareté rebelle, ils en firent une substance vulgaire, docile

aux volontés de l’homme » —

titre vide

Bonne foi de l’auteur.

« Bacon écrivit souvent avec une telle étourderie qu’il faut absolument éclater

de rire, en le lisant. - on peut dit-il, par exemple, connaître la qualité d’une pièce

de bois en parlant à l’une de ses extrémités - & en appliquant son oreille contre

l’autre. - Certainement Bacon savait fort bien qu’il serait assez difficile

d’appliquer en même temps sa bouche à l’extrémité d’une poutre et son oreille

à l’autre. » donc il était distrait en écrivant cela « autrement il faut supposer

qu’il a perdu l’esprit. ( 251.

idée

« Dans le XIIIe siècle, on était mille fois plus avancé que lui dans les sciences! » 257

id

« Bacon avait l’esprit éminemment faux - & d’un genre de fausseté qui n’a jamais appartenu qu’à lui

son incapacité, absolue, essentielle, radicale dans toutes les branches des Sciences

naturelles etc. ( 289

prophéties de De M

les désiderata de Bacon citées pr s’en moquer, comme impossibles. ( 297

- inventer des purgations qui aient le goût de la pèche & de l’ananas.

- faire qu’on puisse briser les os d’un homme sans qu’il perde contenance

- inventer de plus gds plaisirs pr les sens, des minéraux artificiels & des ciments

Le novum organum « - n’est dans son objet et dans sa totalité qu’un long accès de délire »

« - jamais l’histrionisme philosophique ne présenta à la superficielle crédulité rien à la fois de

si fastueux & de si nul ». 324

Moyen de secouer la paresse des esprits, indiqué par Bacon - « Venus saepe excitata, raro peracta » -

Le but de la Révélation n’est que d’amener l’esprit humain à lire dans lui-même ce que la main divine

y traça (t 2 p. 22

De M. défend le sens commun, et à l’objection des erreurs manifestes que l’on a crues longtemps - « qu’à de commun

une opinion de ce genre avec ces croyances métaphysiques aussi anciennes & aussi étend

que la nature humaine, et dont il est impossible d’assigner aucune origine satisfaisa

tirée du monde sensible » - ( 25

injurie Bacon

- « Stupide matérialiste, brute plus brute que les brutes, auxquelles tu demandes des argumen

etc. 49.

Division ternaire de l’homme. 175

Science

anatomiste !

« l’homme est tout foie par les veines qui en partent - il est tout cœur

par les artères - il est tout cerveau par les nerfs. »

à propos de la reproduction des êtres vivants « ô profondeur, ô mystère inconcevable



qui fatigue l’admiration sans pouvoir l’assouvir » - - & au ht de la page - « cette

région inférieure, réceptacle des opérations grossières ! »

Des Causes finales

- « qu’on nous fasse comprendre comment & prquoi la persuasion que le bœuf a été créé pr

labourer mon champ m’empêchera d’examiner la nature de cet animal, d’en faire

l’anatomie etc » Mais c’est que cette persuasion vous forcera à ne l’étudier

qu’au point de vue de labourage, - et à tout rapporter à ce but.

examen de la ph de

Bacon 2.

nul homme n’a cessé de croire en Dieu avant d’avoir désiré qu’il n’existât

pas.

Pr les athées aucune démonstration n’est bonne, pr les croyants elles le sont

toutes » - ( 208).

il termine ainsi la démonstration des Causes finales : ( 252

« nous dirons à l’athée ou au sceptique : L’examen des fins particulières fait

perdre du temps, & nous n’aimons pas à disputer - mais nous déclarons nous

en tenir contre vous à l’inébranlable démonstration qui résulte de la Fin abstraite

et de l’harmonie des moyens » - mais les ennemis des Causes finales n’ont jamais

attaqué que les fins particulières.

idée scientifique

« pr attacher au pilori la dernière feuille de la philosophie de Bacon ! » ( 253

Se méfie de la Science.

« la Science a son prix sans doute, mais elle doit être limitée de plus d’une manière

car d’abord il est bon qu’elle soit restreinte dans un certain cercle dont le diamètre

ne saurait être tracé avec précision, mais qu’en général il est dangereux d’étendre

sans mesure »  257.

id.

les Sciences peu convenables

aux hommes d’État

vocation particulière

des prêtres.

Les sciences, en outre, doivent être considérées dans leur rapport avec les différents

ordres de la société. L’homme d’état par exemple ne se plongera jamais

dans des recherches purement physiques qui excluent son caractère & son

talent X. Elles paraissent convenir tout aussi peu aux prêtres qui auront

toujours, au contraire un talent particulier & même une certaine vocation

p. l’astronomie »

Bacon ridicule pr

avoir fait des expériences

[X note - « Bacon s’est rendu extrêmement ridicule pr avoir ignoré

cette vérité. Je doute qu’il y ait au monde un spectacle plus risible

que celui du chancelier d’Angleterre disputant à son cuisinier les

marmites & les coquemars pr faire des expériences sur la forme de la

chaleur, & pesant l’air dans l’air avec une balance d’épicier » p. 259

id.

ordre des Sciences .

Il faut que les sciences naturelles soient tenues à leur place qui est la seconde

la préséance appartenant de droit à la théologie, à la morale & à la

politique. Toute nation où cet ordre n’est pas observé est dans un

état de dégradation »  260.

Descartes qui ouvre le 17e siècle et Malebranche qui le ferme

n’ont point d’égaux parmi leurs successeurs.

y a-t-il dans le siècle suivant - - - un cours de morale plus complet, plus

approfondi, plus satisfaisant que celui de Nicole - » p. 261 dans son livre

du Pape - De M. a dit sur Nicole

titre vide

Pascal

« Pascal comme philosophe a t il été égalé dans le siècle suivant ? » v. son

église gallicane.

critique

L’esprit des lois personne ne peut nier que ce livre n’appartienne à un talent supérieur. Cependant

l’anathème général l’a frappé - il n’a fait que du mal & il en a fait immensémt » 266.

« Plus la théologie est parfaite dans un pays, plus il en est fécond en véritable Science » ( 269

fruits de l’Évangile « Copernic, Kepler Descartes Newton, les Bernouilli etc sont des productions de l’Évangile »

Sciences

L’Église n’a jamais condamné aucune découverte scientifique 271.

« Le raisonnement, l’expérience, l’analogie, tout se réunit pr établir la rondeur de

la terre. À nulle époque du monde, cette vérité n’a pu être universellement

ignorée » - 271.

l’église n’a pas puni une seule vérité dans le cercle des Sciences naturelles « dont elle ne se

mêle nullement - à moins qu’on n’entreprenne d’y trouver

des arguments contre la religion ! » ( 273)

les Antipodes.

« des auteurs ecclésiastiques & même des auteurs ecclésiastiques du premier ordre ont embrassé

l’affirmative »

il renvoie à une faute de St Augustin cité dans « le christianisme de Bacon »

de Emery t II p. 238, 331).

Mais St A. s’est moqué des antipodes.

Galilée.

ce n’est pas l’Église, ni le pape qui a prononcé contre lui - mais l’inquisition ce qui est

différent. ( 278)

« s’il avait seulement écrit en langue latine, au lieu d’échauffer les esprits en langue vulgaire

il ne lui serait rien arrivé » (id).

ce décret de l’inquisition ne signifie rien - est isolé dans l’histoire, n’a produit

d’ailleurs ou ne pouvait produire aucun effet. 280

« Toute autorité mais surtout celle de l’Église doit s’opposer aux nouveautés, sans se

laisser effrayer par le danger de retarder la découverte de qques vérités, inconvénient

passager & tout à fait nul, comparé à celui d’ébranler les institutions & les opinions

reçues !» 283.

L’antiquité

chez qui le vice était une religion » 293

esthétique

Le Beau dans tous les genres imaginables est ce qui plait à la vertu éclairée

examen de la philos. de Bacon

3

Sujet de tableau allégorique

- « Le vice même récompense la modestie - en s’exagérant le charme de ce qu’elle

voile »

Le beau religieux est au-dessus du beau idéal puisqu’il est l’idéal de l’idéal ! » ( 295

idolâtrie

à propos des représentations de Marie & de Jésus toujours puissantes. « L’orgueil

philosophique & un autre qui est son frère ne manqueront pas de crier à

l’idolâtrie - mais ils n’y entendent rien. L’idolâtrie est naturelle à l’homme, et

très bonne en soi, à moins qu’elle ne soit mauvaise » 298.

esthétique goût littéraire.

La Phèdre de Racine le fait rire « qu’est-ce que tout cela nous fait à nous,

chrétiens ou athées du 19e siècle. Rien n’est plus étranger à nos mœurs, à notre

croyance, à notre philosophie même. »

voy. Proudhon.

en revanche De M admire beaucoup Lusignan : parce que V. étant payen dans

le monde eut le courage d’être chrétien au théâtre ! » 303.

id le christianisme favorable à la Comédie !

( 303) parce qu’il tend constamment à introduire dans les mœurs générales

une certaine sévérité qui fait haïr l’indécence & la grossièreté, ennemies naturelles mortelles

de la bonne comédie.

gds Hom Molière

« s’il eût eu la moralité de Destouches, n’en vaudrait-il pas mille fois mieux ? » ( 304.

« cette idée d’un ouvrier prouvé par son ouvrage est une idole de caverne née de

cette espèce de rage qui porte l’homme à raisonner sur l’intelligence divine d’après

la sienne » (Bacon de Aug. Sc. v. 4 p. 273)

L’auteur du christi. de Bacon avertit qu’en citant l’opuscule des Caractères du chrétien « il n’a point rapporté la

partie des paradoxes & des contradictions apparentes qui tombent sur le dogme. » 325

« raisonner, c’est chercher, & chercher toujours c’est n’être jamais content » St thomas.

v. Lancelin introd. à l’analyse des Sciences Paris 1801. in-8.

Lasalle.

trad de Bacon, l’invective « - ces jugements n’ont pu tomber justement que sur un homme

médiocre » 340.

gd H.

Voltaire n’avait pas lu Bacon ! 356.

titre vide

Prophéties de De M.

La Vapeur.

il reconnaît que la marmite de Papin pourrait être appelée marmite de Bacon

« mais il gâte cette idée par l’importance qu’il lui attribue - il en parle comme

d’une arcane qui devait produire une ère dans les Sciences physiques » suit une

citation de Bacon « - - vous mettrez enfin des menottes à ce Protée La matière & vous la forcerez

à se prêter aux plus étranges transmutations - L’intelligence humaine peut à peine

concevoir les effets de cette expérience - - que nul mortel n’a encore imaginée

De M. reprend - « l’immortelle expérience a été faite enfin - qu’a-t-elle

produit ? - du bouillon. D’une manière ou d’une autre Bacon se trompe toujours

et dans ce cas, par exemple on voit que même en proposant qq chose de raisonnable

il parvient à être parfaitement ridicule - » - ( 359

conclusion.

« Le livre de la dignité & de l’accroissement des S. est donc un ouvrage parfaitement nul

& méprisable. ( 361

« le novum organum - - le but général de l’ouvrage le rend digne d’un Bedlam - » 362

« - désormais sa réputation ne saurait plus en imposer qu’aux aveugles volontaires

sa philosophie est une aberration continue.

écrivain élégant

« - moraliste sensé & ingénieux, écrivain élégant avec je ne sais quelle veine poétique

qui lui fournit sans cesse une foule d’images extrêmement heureuses, de manière

que ses écrits comme fables sont encore très amusants » 365

- plus ht en

parlant du traducteur Lasalle « il avait besoin de la renommée de ce philosophe

pr faire lire quinze volumes assommans que pas un français n’aurait achetés

s’ils n’avaient été recommandés par le prestige du nom - ». ( 338)

- & quant

au style De M lui reproche d’avoir un latin plein de gallicismes, & de faire

des mots nouveaux - très souvent il avoue qu’à « ces passages il se pâme

de rire ! –