1853
LA COLONIE DU PETIT–QUEVILLY. L’autorité s’occupe en ce moment, on le sait, d’un grand
projet de prison qui puisse remplacer à Rouen la maison de Bi-cêtre, aussi mal située que sa construction convient peu à sa
destination. Dans cette future prison, le système cellulaire ne sera pas
appliqué ; mais de nombreuses divisions devront isoler les ca-tégories de prisonniers, afin d’arrêter autant que possible l’en-seignement mutuel du crime. Cette pensée moralisatrice a déjà présidé à Rouen à la fon-dation d’un établissement où, sans cellules et sans geôliers,
on garde toute une catégorie de jeunes prisonniers que l’on
instruit et que l’on transforme par le seul ascendant d’une vo-lonté bienfaisante et dévouée. Cet excellent résultat indique tout le parti que l’on peut ti-rer d’un bon système qui sépare les natures perverses ou en-durcies par l’âge et l’habitude, des individus dont l’âge ou la
raison sont encore susceptibles de recevoir de bonnes impres-sions. L’établissement du Petit - Quevilly, connu sous le nom de Co-lonie Agricole, offre souvent un consolant spectacle, que l’on
ne peut considérer sans émotion. C’est ainsi qu’il y a quelques
jours nous faisions connaĂ®tre que la confirmation avait Ă©tĂ©, Ă
la Colonie, l’occasion d’une fête véritablement chrétienne.
M. l’archevêque de Rouen était venu administrer le sacre-ment à soixante-quinze élèves. Après qu’il eut été reçu par les
directeurs-fondateurs, MM. Lecointe père et fils, les enfans vin-rent, musique en tête, et le conduisirent à la chapelle, où,
après la messe, M. l’archevêque adressa aux jeunes détenus
quelques mots touchans, où il expliquait le sens et la portée
du sacrement qui allait leur être conféré. La cérémonie s’acheva suivant tous les rites consacrés. Si la
chapelle se distinguait seulement par la simplicité et la mo-destie de ses ornemens, cette absence de pompe était bien sup-plée par le recueillement général de l’assemblée, et surtout de
ceux qui venaient y recevoir une sorte de réhabilitation so-lennelle. Cette pieuse fête était un témoignage de l’intérêt que la Colonie
du Petit – Quevilly inspire à l’autorité ecclésiastique. Une visite
faite deux jours après prouve que cet intérêt n’est pas moins
vif dans les hautes régions de l’administration. M. Boulatignier,
en mission de l’empereur, accompagné de plusieurs fonction-naires, est venu inspecter minutieusement l’établissement,
anisi que nous avons eu l’occasion de le dire.
L’inspection commença par les ateliers. On sait que dans la
maison du Petit – Quevilly, les colons, autant qu’il est possible,
confectionnent eux - mĂŞmes tous les objets dont ils ont besoin,
bien moins dans un but de lucre ou d’économie pour la di-rection, qu’afin de les initier Ă des professions conformes Ă
leur aptitude. C’est ainsi qu’on leur apprend à chacun un mé-tier qui les met en état de subvenir honorablement à leurs
besoins au moment où ils quittent l’établissement. On forme
non seulement des agriculteurs et des horticulteurs, mais
aussi des cuisiniers, des cordonniers, des tailleurs, des me-nuisiers, des charpentiers, des forgerons, des maçons, etc.
Tout fut inspecté attentivement, depuis la cuisine jus-qu’à la forge, et même jusqu’au four que M. Lecointe fait
construire en ce moment Ă quelques distance des ateliers et
de la maison d’habitation, et dans lequel les élèves fabri-quent eux-mêmes tout le pain de la Colonie.
…dessus des ateliers, M. Boulatignier vit le
…classe. On lisait, on écrivait, on
…Lecointe fils donnait
…e raisonnée d…
«un mot l’institution répond parfaitement à la pensée qui a
«présidé à sa création.» Puissent les établissemens pénitentiaires en projet et tous les
moyens de coërcition et de moralisation qui seront employés
avoir proportionnellement d’aussi heureux résultats que ceux
qui sont donnés par l’institution qu’a fondée M. Lecointe !
V. Giroux
LA COLONIE DU PETIT–QUEVILLY. L’autorité s’occupe en ce moment, on le sait, d’un grand
projet de prison qui puisse remplacer à Rouen la maison de Bi-cêtre, aussi mal située que sa construction convient peu à sa
destination. Dans cette future prison, le système cellulaire ne sera pas
appliqué ; mais de nombreuses divisions devront isoler les ca-tégories de prisonniers, afin d’arrêter autant que possible l’en-seignement mutuel du crime. Cette pensée moralisatrice a déjà présidé à Rouen à la fon-dation d’un établissement où, sans cellules et sans geôliers,
on garde toute une catégorie de jeunes prisonniers que l’on
instruit et que l’on transforme par le seul ascendant d’une vo-lonté bienfaisante et dévouée. Cet excellent résultat indique tout le parti que l’on peut ti-rer d’un bon système qui sépare les natures perverses ou en-durcies par l’âge et l’habitude, des individus dont l’âge ou la
raison sont encore susceptibles de recevoir de bonnes impres-sions. L’établissement du Petit - Quevilly, connu sous le nom de Co-lonie Agricole, offre souvent un consolant spectacle, que l’on
ne peut considérer sans émotion. C’est ainsi qu’il y a quelques
jours nous faisions connaĂ®tre que la confirmation avait Ă©tĂ©, Ă
la Colonie, l’occasion d’une fête véritablement chrétienne.
M. l’archevêque de Rouen était venu administrer le sacre-ment à soixante-quinze élèves. Après qu’il eut été reçu par les
directeurs-fondateurs, MM. Lecointe père et fils, les enfans vin-rent, musique en tête, et le conduisirent à la chapelle, où,
après la messe, M. l’archevêque adressa aux jeunes détenus
quelques mots touchans, où il expliquait le sens et la portée
du sacrement qui allait leur être conféré. La cérémonie s’acheva suivant tous les rites consacrés. Si la
chapelle se distinguait seulement par la simplicité et la mo-destie de ses ornemens, cette absence de pompe était bien sup-plée par le recueillement général de l’assemblée, et surtout de
ceux qui venaient y recevoir une sorte de réhabilitation so-lennelle. Cette pieuse fête était un témoignage de l’intérêt que la Colonie
du Petit – Quevilly inspire à l’autorité ecclésiastique. Une visite
faite deux jours après prouve que cet intérêt n’est pas moins
vif dans les hautes régions de l’administration. M. Boulatignier,
en mission de l’empereur, accompagné de plusieurs fonction-naires, est venu inspecter minutieusement l’établissement,
anisi que nous avons eu l’occasion de le dire.
L’inspection commença par les ateliers. On sait que dans la
maison du Petit – Quevilly, les colons, autant qu’il est possible,
confectionnent eux - mĂŞmes tous les objets dont ils ont besoin,
bien moins dans un but de lucre ou d’économie pour la di-rection, qu’afin de les initier Ă des professions conformes Ă
leur aptitude. C’est ainsi qu’on leur apprend à chacun un mé-tier qui les met en état de subvenir honorablement à leurs
besoins au moment où ils quittent l’établissement. On forme
non seulement des agriculteurs et des horticulteurs, mais
aussi des cuisiniers, des cordonniers, des tailleurs, des me-nuisiers, des charpentiers, des forgerons, des maçons, etc.
Tout fut inspecté attentivement, depuis la cuisine jus-qu’à la forge, et même jusqu’au four que M. Lecointe fait
construire en ce moment Ă quelques distance des ateliers et
de la maison d’habitation, et dans lequel les élèves fabri-quent eux-mêmes tout le pain de la Colonie.
…dessus des ateliers, M. Boulatignier vit le
…classe. On lisait, on écrivait, on
…Lecointe fils donnait
…e raisonnée d…
«un mot l’institution répond parfaitement à la pensée qui a
«présidé à sa création.» Puissent les établissemens pénitentiaires en projet et tous les
moyens de coërcition et de moralisation qui seront employés
avoir proportionnellement d’aussi heureux résultats que ceux
qui sont donnés par l’institution qu’a fondée M. Lecointe !
V. Giroux