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Transcription

inaptitude à juger les circonstances ou feraient

suspecter la sincérité de leurs opinions. Patience !

A peine arrivée, l’Assemblée nationale sera saisie

des problèmes dont tous les esprits recherchent

aujourd’hui la solution. Incontinent, elle entrera

dans le vif de la question, l’organisation de la

démocratie.

Toutefois il importe de faciliter dès aujourd’hui

son action. Presque rien n’a été changé depuis le

24 février. L’ancien régime se maintient arec la

plupart de ses vices. Nous sommes dans une situa-

tion louche, équivoque, qui mêle les regrets du

passé avec les aspirations de l’avenir. Moment so-

lennel dans la vie des sociétés, halte fatigante qu’on

est impatient d’échanger pour la marche rapide

vers un monde meilleur. On sent que de grandes

choses vont se faire ; on a soif d’action et de vie ;

un fluide inconnu a pénétré tous les corps, et les

yeux se tournent vers l’horizon, où ils voient gran-

dir les murailles de la cité future.

N’hésitons pas en ce moment suprême ; l’hésita-

tion serait un crime. En révolution il faut être ré-

volutionnaire ; c’est le seul moyen d’en sortir.

La révolution de février est sociale : aveugle ou

coupable qui ne le voit pas.

Elle a donc pour but d’améliorer le sort de ceux

qu’on nommait les classes laborieuses alors que des

gouvernants insensés, s’obstinant dans des distinc-

tions impies, prétendaient scinder en deux camps

la grande famille humaine et proclamaient l’exis-

tence d’un pays légal à côté d’un pays illégal. Mons-

trueux blasphème, plein de douleurs et de larmes,

dont février a fait justice.

Elle a également pour but d’asseoir la richesse

des citoyens sur des bases plus morales, d’empê-

cher, comme on l’a dit, toute exploitation de

l’homme par l’homme.

Tel est le problème. L’Assemblée nationale nous

donnera la solution.

Nous devons, nous, rechercher les mesures tran-

sitoires par lesquelles la situation des travailleurs

sera améliorée en attendant qu’elle soit constituée

d’une manière définitive. Or voici ce que nous pro-

posons comme errements immédiatement applica-

bles.

Dégrever le petit propriétaire et faire por-

ter le déficit sur le riche. Celui qui a le superflu

doit à qui manque du nécessaire. C’est là une loi

qui n’a pas besoin d’être formulée dans les codes ;

elle a été gravée de toute éternité par Dieu dans le

cœur de l’homme.

Nous ne demandons pas qu’il se dépouille sans

profit pour lui-même ; ce serait là une flagrante

injustice dont nul gouvernement ne se rendra cou-

pable.

Que le riche soit obligé provisoirement d’occu-

per les ouvriers sans travail, non-seulement dans

les villes, mais encore dans les campagnes ; qu’on

organise, comme la demande notre ami Eugène

Sue, des bataillons de travailleurs qui iront sur

tous les points de la France déposer le germe d’u-

ne richesse nouvelle. Si la révolution de février

n’est pas une illusion, elle aura dans quelques an-

nnées considérablement accru le bien-être du peu-

ple français : des armées industrielles auront dé-

friché et fertilisé toutes les terres incultes qui dé-

parent comme une plaie le sol de notre belle pa-

trie ; nos landes seront transformées en prairies

peuplées de troupeaux innombrables, nos déserts

chargés d’une végétation exubérante, nos rivières

encaissées, nos montagnes reboisées, nos marais

desséchés ou transformés en cours d’eau qui ré-

pandront la fécondité sur leurs rives. Un système

de viabilité bien entendue, la multiplication des

chemins départementaux et vicinaux, l’achèvement

de nos voies ferrées et de nos canaux, la création

de centres industriels et agricoles, toutes ces mesu-

res permettront une facilité de fonction miracu-

leuse à notre admirable organisme topographique.

La France sera replacée sur ses véritables bases.

A cet effet, le Gouvernement provisoire doit se

préoccuper vivement de la fondation de banques

agricoles destinées à venir en aide aux cultivateurs

pauvres. Les banques ne suffisent pas. Pour vaincre

la routine et introduire partout, le plus tôt possible,

des notions de culture bien entendue, il est urgent

de fonder dans tous les chefs-lieux de département

et d’arrondissement des dépôts de machines et

d’instruments aratoires de nouvelle invention.

Bien plus, chaque commune devra en posséder un

certain nombre. Ils seront prêtés aux particuliers

pauvres et serviront de modèles aux riches pro-

priétaires. Viendront ensuite les écoles d’agrono-

mie dont nous avons déjà exposé la constitution ;

l’application de la chimie à l’agriculture substitue-

ra la science à l’empirisme et préviendra le gas-

pillage des fortunes et la perte de bras qui s’usent

en efforts insensés contre la nature.

Si le Gouvernement provisoire ne peut entre-

prendre ce grand œuvre, l’Assemblée nationale

l’accomplira.

Sobrier.

                                       

 

LES FEMMES !

 

Quelle part utile les femmes peuvent-elles pren-

dre aujourd’hui à la chose publique ? Que doivent-

elles faire ?

S’unir à nous. — Nous soutenir.

S’unir à nous ? Un seul sentiment peut nous fai-

re vivre aujourd’hui, l’amour de la France ! Des

sacrifices réels au dedans, des périls au dehors nous

attendent peut-être. Riches, il faudra céder de sa

richesse ; artistes, s’arracher à ses rêves et agir ;

malades, secouer sa souffrance et marcher ; pusil-

lanimes, rejeter la crainte et se produire. Eh bien !

tous ces sacrifices, sacrifices de gloire, sacrifices

de santé, sacrifices de fortune, tout cela ne sera

rien si nous portons vivant dans noire âme l’a-

mour de la France ! Mais pour que ce sentiment

domine notre vie, il faut que nous le retrouvions à

notre foyer domestique. L’homme aujourd’hui a

besoin d’une compagne virile, sur le cœur de la-

quelle il trouve courage et sympathie ! Comme lui,

elle doit porter écrite dans son âme cette maxime

qui fera seule notre force : « Heureux ceux qui ont

quelque chose à perdre, car ils ont quelque chose

à donner. » Quand le mari reviendra de l’assem-

blée, ayant voté pour l’amour de tous une loi dom-

mageable pour lui, il faut que sa femme lui dise :

« Tu as bien fait ! » L’amour de tous ! l’amour de

tous ! voilà désormais le feu sacré du foyer de fa-

mille ! Formons autour de lui une sainte alliance,

Que la femme aime la République, parce que la Ré-

publique c’est la charité. Que le jeune homme l’ai-

me, parce que la République c’est la gloire ! Que la

jeune fille l’aime, parce que la République c’est la

pureté ! Que l’homme enfin l’aime, parce que la

République c’est la vertu !

Nous soutenir ?

Le rôle des femmes, c’est d’être les prêtresses du

spiritualisme. C’est à elles de servir de lien entre

le Ciel et nous, à elles de nous montrer le doigt de

la Providence empreint sur tout ce qui nous envi-

ronne. En France, hors de France, tout n’est-il pas

miracle et promesse ? Ce mot de liberté éclatant à

la fois sur tous les trônes de l’Europe, comme les

échos d’un même coup de tonnerre ; l’Italie renou-

velant et dépassant en un jour tous ses antiques

prodiges d’héroïsme ; un pape à la tête de la révo-

lution des peuples, qu’est-ce autre chose que la

voix de Dieu lui-même nous disant : « Ne perdez

donc pas courage, enfants ; vous voyez bien que je

suis avec vous ? » Que les femmes, ces interprètes

célestes, comme les appelaient, nos pères les Gau-

lois, nous expliquent cet évangile nouveau ; qu’el-

les disent aux timides : « On vous annonçait vio-

lences et dévastations ; où sont les désastres ? On

vous annonçait la guerre ; où sont les ennemis ? »

Qu’elles montrent toutes ces admirables espéran-

ces de fertilité qui se produisent dans la campa-

gne : les blés déjà vigoureux, les arbres fruitiers

chargés de fleurs, la nature elle-même enfin se

faisant notre alliée. Ah ! nous sommes tous ou pè-

res, ou maris, ou frères, ou fils ; nous savons com-

bien une parole de confiance partie de la bouche

d’une fille ou d’une mère trouve facilement le che-

min de notre cœur. Qu’elle la prononcent donc

toutes, cette parole, et pendant que nous plantons

sur les places publiques l’arbre austère de la liber-

té, qu’elles fassent fleurir au foyer domestique le

rameau divin de l’espérance.

E. Legouvé.

                              

 

Puisque nous avons réclamé contre la nouvelle

administration de la commune de Montmartre, il

n’est pas inopportun de signaler des abus que la

Révolution aurait dû faire cesser dès le lendemain

de son avènement. Est-il vrai que l’ancien maire,

le citoyen Biron, ait donné l’ordre, le 23 février

au soir, de noyer 1,500 kilogrammes de poudre,

fait qui pouvait avoir pour résultat de faire égorger

sans défense les patriotes compromis si la faction

royaliste avait triomphé le lendemain ?

Est-il vrai que ce même citoyen Biron conserve

encore une place importante à la direction des

postes ? Noire question s’adresse au citoyen Etien-

ne Arago.

Est-il vrai que le commissaire de police de ladite

commune, conservé dans son emploi, fut une créa-

ture de madame Adélaïde, sa puissante protectri-

ce, et destiné à de hautes faveurs ? Pourquoi la Ré-

publique ratifierait-elle ce passé ? Le citoyen Ledru-

Rollin n’est pas, que nous sachions, l’exécuteur

testamentaire de la très-défunte dynastie.

                                     

 

Nous appelons l’attention du Gouvernement pro-

visoire sur les patriotes des ateliers nationaux qui

manquent de chaussures et de vêtements. Les tra-

vailleurs autant que les soldats ont droit à sa solli-

citude. Malgré les difficultés de la situation, il sau-

ra, nous n’en doutons point, prendre des mesures

convenables pour améliorer leur situation. Celles

qui augmentent la richesse de la nation doivent

être les premiers appelés à en jouir.

                                     

 

C’est avec le plus grand étonnement que nous

venons de voir emballer les effets du duc de Ne-

mours. Le Gouvernement provisoire, selon nous,

n’a pas le droit de disposer de biens qui appartien-

nent à la nation. Nous engageons tous les citoyens

à se joindre à nous pour obtenir la révocation de

cette mesure.

                                     

 

Aujourd’hui, mardi, deux régiments de cavale-

rie, un de dragons et un de cuirassiers, ont fait

leur entrée à Paris. Le peuple s’est porté à leur

rencontre avec les plus vives démonstrations de

joie et d’enthousiasme. Les fronts se découvraient,

les poitrines se pressaient ; les mains serrées lon-

guement et les chaudes étreintes témoignaient une

fois de plus de l’union des travailleurs et de l’ar-

mée, des soldats de l’humanité et des soldats de la

patrie : c’était enfin l’épilogue de la grande fête de

la Fraternité, fête dont le souvenir et les effets sont

impérissables, nous l’espérons.

Ces deux régiments ont pris garnison à Paris ;

ils n’oublieront jamais leur entrée dans la capi-

tale, et ils s’apercevront que l’amour du peuple

pour ses frères est durable. Car vous êtes nos frè-

res, soldats ! Tous, nous sommes citoyens !

                                     

 

COLONIES FRANÇAISES. — PROCLAMATION DE

LA RÉPUBLIQUE A LA MARTINIQUE ET A LA

GUADELOUPE.

 

Nous recevons, par le paquebot des Antilles, la

nouvelle de la proclamation de la République à la

Martinique et à la Guadeloupe. Nos lettres sont des

29 et 30 mars. L’adhésion de la population libre,

blancs et hommes de couleur, a été vive et sponta-

née. La population esclave est restée calme dans la

confiance que l’heure de sa libération définitive

avait sonné et qu’elle n’avait plus à attendre que

l’expédition de cette grande mesure décidée en fait

comme en principe par la Révolution. A la Guade-

loupe surtout, la République a été accueillie avec

enthousiasme. Le gouverneur et les chefs d’admi-

nistration se sont abstenus de paraître. Les maires

des diverses communes ont pris l’initiative, et le

drapeau de la République a été inauguré avec la

modification dans la disposition des couleurs qui

avait été adoptée par le Gouvernement provisoire

dans les premiers jours de la Révolution. Les prin-

cipaux habitants, de toute race, se sont assemblés

pour signer une adhésion. Les blancs et les hom-

mes de couleur faisant partie de loges maçoniques,

jusque-là séparés, ont fraternisé ensemble et ont

pris jour pour un banquet solennel. Le président

du conseil colonial de la Guadeloupe, le général

Ambert, doyen de nos généraux de division, est un

vieux soldat de la Révolution, demeuré fidèle à la

République même sous l’Empire. Sa fidélité lui

avait valu la disgrâce de Napoléon, et son retour à

la Guadeloupe avait été une sorte d’exil. En appre-

nant les grands événements de février, le cœur du

vieux soldat s’est ranimé d’une flamme nouvelle,

et il a adressé à ses concitoyens la proclamation

suivante, que nous publions avec joie :

Guadeloupe.

 

Basse-Terre, le 27 mars 1848.

Habitants de la Guadeloupe,

Une révolution s’est accomplie. La France a lavé

toutes ses hontes et reconquis tous ses droits ! Sur

les ruines d’un trône à jamais détruit, elle a fondé

la République !

La République ! c’est-à-dire la liberté, l’ordre, le

travail.

Habitants de la Guadeloupe, cette devise était dé-

jà la vôtre ; le conseil colonial l’avait déjà procla-

mée. En vous associant tous à ses généreuses ma-

nifestations, vous donniez par avance une gage de

votre adhésion sincère aux principes du nouveau

Gouvernement.

Encore un peu de temps et l’esclavage aura dis-

paru de voire sol en faisant place à une puissante

organisation du travail, où tous les droits et tous

les intérêts seront garantis et respectés.

Vos ateliers savent que vous avez été les pre-

miers à élever la voix en leur faveur. Ils conti-

nueront à avoir confiance en vous. Ils attendront

avec calme et patience le moment où l’Assemblée

nationale, en sanctionnant vos propres résolutions,

fera sonner pour eux l’beure de la liberté légale.

Le président du conseil colonial,

Ambert.

                                       

 

A Ville-d’Avray, des bandes nombreuses ont

parcouru les rues pendant la nuit avec des torches

en criant : Vive Henri V ; Les citoyens ont répon-

du : Vive la République !

Les réactionnaires ont dit aussi : Vous êtes des

communistes ! A quoi on a répondu : A la lanterne !

Oui, sans doute, à la lanterne ! Nous connais-

sons tous les meneurs carlistes, et s’ils s’obstinent

à provoquer la guerre civile, il faudra bien que la

République fasse justice de ces rebelles. La lanterne

toutefois ne sera pas précisément nécessaire.

                                       

 

Le citoyen F. Philippoteaux nous écrit que son

tableau qui a pour sujet : la Proclamation de la

République sur la place de l’hôtel de ville, lui a été

commandé par un simple particulier et non officiel-

lement.

Il n’a pas entendu dire qu’il dût être fait ou

commandé un tableau sur la remise des drapeaux,

et rien de semblable ne lui a été proposé.

Loin de blâmer ou de récuser la voie des con-

cours pour la distribution des travaux commandés

par le Gouvernement, il applaudit de tout son cœur

à cette justice.

                                       

 

Le national fait pressentir qu’aussitôt que l’As-

semblée constituante sera en fonction, il se sépa-

rera de certains membres du Gouvernement pro-

visoire, vis-à-vis desquels ses sympathies ne sont

pas très-vives. Chaque journal s’arrange pour faire

son lit avant la réunion de l’Assemblée et dispose

les armes qui serviront à sa polémique. Malgré la

République, le journalisme ne comprendra jamais

les principes de la fraternité, encore moins leur

application.

                                       

 

Le citoyen Larger (Victor), ouvrier mécanicien,

républicain ardent et sincère, a été nommé com-

mandant de la garde nationale à l’unanimité des

suffrages dans la commune de Passy.

                                       

 

Paris, ce 17 avril 1848,

Au citoyen rédacteur de la Commune de Paris.

 

Citoyen,

Veuillez insérer dans votre prochain numéro

cette lettre en réponse à celle que nous a adressée

notre ex-président, le citoyen Grégoire.

Salut et fraternité.

Par délégation des membres du

club des Prévoyants,

Le président, Treulé.

 

Citoyen,

Notre conscience est calme, très-calme, et si

nous avions à qualifier une conduite, ce ne serait

certainement pas la nôtre.

Vous dites que l’ordre dans la liberté court quel-

que danger. Vains mots ! La liberté maintenant est

impérissable. Quant à l’ordre, qui a été assez cou-

pable pour le troubler ? Vous avez cédé non pas à

la force, non pas à l’oppression, mais au droit.

Un club est maître de sa police et de l’organisa-

tion de son intérieur. Un club insulté dans la per-

sonne d’un de ses membres frappé à la tribune,

peut et doit, s’il se respecte, expulser sans merci

celui qui s’est oublié au point de commettre un tel

outrage.

Nous terminons en déclarant que la remise de

nos fonds et des listes, procès-verbaux et registres

de la société au bureau du Comité révolutionnai-

re, n’est pas acceptable, n’est pas possible. Nous

ne relevons de personne. Le Club des clubs n’a rien

à faire dans le règlement de nos comptes et dans la

remise des procès-verbaux, listes et registres, qui ne

peuvent être rendus qu’à notre président en per-

sonne.

Salut et fraternité.

Pour délégation des membres du

club des Prévoyants.

Le président, Treulé.

                                       

 

Le club de l’armée des Alpes à ses frères membres du

Comité révolutionnaire, délégués des clubs, des cor-

porations d’ouvriers, de la farde nationale.

 

Au nom de la fraternité et du dévouement que

vous nous offrez par vos circulaires et que nous

acceptons de cœur, nous nous adressons à vous.

Notre concours, vous l’avez et vous l’aurez.

Frères, nous comptons sur le vôtre, nous en avons

besoin ; sans vous, nous ne pouvons rien.

Nos délégués ? illusion ! Ils seront rares, peut-être

n’en aurez-vous pas.

Nous, travailleurs de l’armée, nous sommes isolés ;

le peuple, que vous représentez et dont nous som-

mes les enfants, est notre force : seul il comprend

nos idées. Soyez notre organe auprès de lui, soyez

le canal qui doit faire parvenir au peuple et nos

besoins et nos droits.

Vous avez souffert, nous souffrons encore. L’ère

de la liberté qui vient de s’ouvrir nous laisse dans

l’oubli ; c’est à vous, frères, à la faire briller pour

tous.

Nous faisons partie de l’armée des Alpes. Notre

club, comme vous le savez, a déjà été formé à

Lyon ; quoique interrompu, mais non brisé, nous

avons senti, nous sentons l’urgence d’en former

un autre à Grenoble, il est formé, et comptant d’a-

vance sur votre dévouement, il vous prie de lui

indiquer immédiatement la minière de pouvoir

correspondre et de s’affilier avec vous.

Le cas est urgent, l’armée compte sur vous…

elle a bien des choses à vous faire connaître.

Vous l’avez dit : comptez sur elle à la frontière

comme elle compte sur vous à l’intérieur.

Salut, union, fraternité.

Les membres du club de l’armée des Alpes, à, Grenoble.

(Suivent les signatures.)

                                       

 

On assure que l’évêque de Rennes impose aux

curés et desservants de son diocèse une liste élec-

torale remplie en grande partie de noms légitimis-

tes. Cette liste est répandue à profusion dans les

campagnes, et les honnêtes cultivateurs du dépar-

tement d’Ile-et-Vilaine ne doivent recevoir l’abso-

lution, ne peuvent faire leurs Pâques qu’en s’enga-

geant à jeter cette liste dans l’urne électorale. Il ne

leur est pas même permis de s’abstenir : « Quicon-

que n’est pas avec l’évêque est contre l’évêque. »

Est-ce ainsi que le citoyen Lacordaire et les ci-

toyens rédacteurs de l’Univers entendent la liberté

des élections ? et seront-ils bien venus désormais à

nous parler des circulaires du ministère de l’inté-

rieur ? Leurs évêques sont gens à rendre bien des

points au plus farouche des montagnards.

Les renseignements qui nous sont transmis à ce

sujet sont positifs et ne nous laissent aucun doute.

Que le ministre des cultes instruise, et que justice

soit faite !