LE MOUVEMENT RÉPUBLICAIN EN BADE.
Les nouvelles que nous recevons aujourd’hui
sont favorables à la cause républicaine. Comme
ces nouvelles nous arrivent des différents points,
nous les laisserons suivre en ordre chronologique,
et nos lecteurs pourront, en consultant la carte,
juger eux-mêmes de l’importance du mouvement
révolutionnaire à Bade.
Lorrach, le 20, 8 heures du loir.— On nous apporte
les cadavres du général Gagern et de son domesti-
que, tués dans le combat de Kandern. En même temps
arrivent les blessés, le major Kunz et un
capitaine hessois, les lieutenants badois Dron et
Sartori, et 35 soldats. La plupart d’eux sont grave-
ment blessés. Les républicains ont laissé 6 morts
sur le champ de bataille.
Un second combat a eu lieu dans la journée
d’aujourd’hui à Steinen. Struve et W’eisshaar, qui
y étaient postés avec 1,500 hommes, furent atta-
qués à 2 heures du matin par 3,000 Hessois et Ba-
dois. La fusillade était assez vive. Le résultat fut
le même qu’à Kandern : il y a eu de part et d’autre
5 à 6 tués et une douzaine de blessés ; puis les ré-
publicains se replièrent devant la cavalerie dans
les montagnes.
Schopfheim, le 20, à minuit. — Ce matin, Hecker
et une partie de sa colonne passaient ici après le
combat de Kandern ; ils prenaient la direction de
Rheinfelden. Le pont de Steinen fut brûlé par les
républicains, et les troupes ne purent les inquié-
ter. A 9 heures du soir, 2,000 républicains arrivè-
rent ici de Constance ; ils avaient deux canons de
6, desservis par l’artillerie de la garde nationale de
Constance. Ils sont très-bien organisés, et ils brû-
lent d’envie de venger leurs frères tués à Kandern
et Steinen. 2,500 républicains sont attendus cette
nuit de Schonau.
Sackingen, le 20. — Tout est ici sous les armes ;
tous les hommes valides de 18 à 40 ans marchent
contre nos oppresseurs. Il y a abondance d’armes,
de munitions et d’approvisionnements. On est con-
vaincu que les troupes badoises passeront toutes
du côté des insurgés.
Liestal (Bâle-Campagne), le 21. — Ce soir, 200
Allemands sont arrivés ici de Neufchâtel pour
marcher au secours de leurs frères de Bade De-
main viendront encore 300, tous armés. Plus de
1,000 républicains sont en marche de Genève,
Vaud et Berne.
Huningue, le 21. — Le passage du Rhin est libre,
et rien ne s’oppose plus à la marche des légions al-
lemandes de Paris et de Lyon pour pénétrer à Bade.
Hier, il y avait 2,000 homme de troupes badoises
et hessoises vis-à-vis de notre forteresse pour dé-
fendre le passage du Rhin. Sur le bruit que la lé-
gion allemande de Paris approchait de Huningue,
le commandant hessois fit placer deux canons de-
vant le pont, qui, de la Schuster-Insel, étaient
pointés sur le territoire français Mais notre brave
commandant de la forteresse mit bientôt ordre à
cet état de choses, contraire au droit des gens, il
fit savoir au commandant hessois qu’il eût à l’ins-
tant à retirer ses canons, sinon qu’il en placerait
également sur la rive française, et qu’à la première
balle qui tomberait sur le territoire français, il ré-
pondrait par un feu bien nourri. En effet, deux
canons français furent placés aux abords du pont
et tournés contre les troupes. Celles-ci voyant cette
démonstration, et apprenant en même temps l’oc-
cupation de Lorrach par les républicains, battirent
en retraite et disparurent bientôt, laissant le pont e
t le passage libres.
Il résulte de ces rapports que le mouvement s’é-
tend et que les troupes, malgré leur nombre, ne
pourront rien faire de décisif. Sans doute nous
apprendrons demain l’entrée de la légion de Paris
à Bade, et un combat décisif ne tardera pas à être
livré.
Que la France républicaine y prenne garde. Les
armées qui garnissent les bords du Rhin, et qu’on
a concentrées sur la frontière française sous le pré-
texte de l’arrivée d’un millier d’ouvriers allemands
venant de Paris, sont dirigées contre la Républi-
que française. Craignant les sympathies de leurs
peuples pour la République française, les princes
allemands cherchent l’occasion et le prétexte pour
pousser les peuples dans une guerre contre la
France, guerre à laquelle l’empereur de Russie les
excite. Les princes allemands espèrent ainsi com-
battre la liberté au dedans et la république au de-
hors. — 8,000 soldats sont déjà assemblés sur les
bords du Rhin ; des troupes autrichiennes sont en-
trées à Ulm, à Rastatt ; la garnison de Mayence est
augmentée ; l’armée autrichienne en Italie est près
du Mont-Cenis ; l’Alliance récemment conclue en-
tre l’Autriche et l’Angleterre pour ramener Venise
et la Lombardie sous le joug autrichien n’est plus
un mystère pour personne.
Le roi de Prusse a envoyé son confident in-
time, le général Pfuel, à Pétersbourg pour con-
clure une autre alliance qui aura pour but de river
plus fortement les chaînes de la Pologne. L’Angle-
terre et toutes les puissances arment, et tous ces
armements sont dirigés contre la République fran-
çaise. Que le Gouvernement français cesse donc
enfin de faire de la politique sentimentale, qu’il
entendre la grande voix de la France, de-
mandant justice et réparation pour la Pologne,
pour l’Italie, pour l’Allemagne. Sa voix, la voix de
33 millions d’hommes libres sera entendue, et si
les despotes coalisés osaient s’opposer encore une
fois à la marche triomphale do la révolution fran-
çaise, que la France tire l’épée, et elle aura pour
alliés tous les peuples de l’Europe et avec elle les
sympathies du monde entier.
Henri Bornstein.
Nous avons à annoncer à nos lecteurs de tristes
exemples d’ingratitude envers la France si hospi-
talière aux réfugiés. Le sieur Rauschenplatt, réfu-
gié allemand, vivait depuis quinze ans à Stras-
bourg. A la première nouvelle des événements en
Allemagne, il se transporta à bade, et là le fier ré-
publicain devint aide de camp du ministre de la
guerre du grand-duc de Bade, espérant peut-être
un jour conduire les troupes badoises à l’attaque de
Strasbourg, dont il ne connaît que trop bien tous
les points faibles.
Dans sa séance du 20 avril, la Société républi-
caine de Strasbourg a prononcé à l’unanimité l’ex-
pulsion avec ignominie du sieur Rauschenplatt,
docteur en droit, réfugié allemand, atteint et
convaincu de monarchisme, après avoir professé
en France des opinions républicaines et y avoir joui
d’une hospitalité de quinze ans.
— Le réfugié Venedez vivait depuis 1832 en
France, secouru par le Gouvernement. Nous l’avons
vu dénoncer la légion démocratique allemande de
Paris A M. de Lamartine et dans la Gaulle de Colo-
gne aux gouvernements allemands, et puis comme
membre du comité des Cinquante à Francfort se
prononcer dans le sens le plus hostile à la France.
Le sieur Venedey appartient à ce parti ultra-teu-
ton qui réclame toujours l’Alsace et la Lorraine,
comme appartenant de droit à l’Allemagne, récla-
mation insensée dont le député Welker s’était fait
l’organe à Francfort. Et pour comble d’impudence,
nous lisons dans le Correspondant de Hambourg que
ce même sieur Venedey était désigné pour le poste
d’ambassadeur de la Confédération germanique
près la République française, — un choix qui équi-
vaudrait à une déclaration de guerre. Espérons que
le Gouvernement français saura maintenir sa di
gnité en récusant l’ardent germanisateur de l’Alsa-
ce et de la Lorraine.
(Correspondance particulière).
LETTRE DE POLOGNE !
Cracovie, le 17 avril 1848.
Au citoyen Sobrier,
Nos ennemis ont tellement dévasté notre pays
que jamais dans ma vie je n’ai vu la misère plus
grande.
Le cœur est bon, l’enthousiasme y est ; mais ce
sont des ruines dont on ne peut rien relever sans
le plus sublime effort. Quand nous quittions Paris,
vous disiez : « Allez sans armes ! » — Nous voilà
au milieu de nos ennemis, chez nous pourtant,
rassemblés presque tous sans armes, à la veille
peut-être des Vêpres siciliennes ! — Souffrirez-
vous, amis de la Pologne, vous au moins qui vous
disiez tels, qu’on nous égorge sans nous donner
même de quoi nous défendre ? Je ne le crois pas
encore. Donnez-nous des armes ! des armes ! des ar-
mes ! Autrement, honte et malédiction sur vous, et
peut-être la chute de votre sainte République. C’est
le cri de vos amis au désespoir, celui de votre an-
ancien abonné qui partageait les sentiments géné-
reux de votre journal.
Salut et fraternité.
Eustache Zurawlcwikz,
ancien professeur A l’école polonaise des
Batignolles, ancien élève de l’institution
agronomique de Grignon.
Cette lettre nous engage, amis de la Pologne ! La
France libre doit répondre au cri de sa sœur vic-
time. Lamartine, le moment n’est-il pas venu ?
Vous qui avez dit : « La France se réserve le droit
de juger de l’opportunité ; » jugez donc, et que
Dieu vous éclaire, pour que la France juge comme
vous.
Nos promesses n’ont point été faites pour abuser
nos frères, pour envoyer les Polonais et les Fran-
çais qui les ont suivis au martyre.
Nous espérons que le Gouvernement provisoire
va s’occuper sérieusement de l’état actuel de la
Pologne, sinon nous aviserons au moyen de leur
venir en aide nous-mêmes en ouvrant des listes de
souscription et d’engagement dans nos bureaux.
Actes officiels.
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
Liberté, Égalité, Fraternité.
Le Gouvernement provisoire
Décrète :
Art 1er Les gardes nationaux mobiles de la ville
de Rouen, au nombre d’environ 500 hommes, se-
ront incorporés dans les différents bataillons de la
garde nationale mobile de Paris.
Art. 2. Le corps des Lyonnais, s’élevant à envi-
ron 700 hommes, sera réuni au 1,500 hommes d’in-
fanterie de la garde républicaine de Paris.
Art. 3. A partir d* demain, il ne sera plus fait
d’enrôlement pour la garde nationale mobile dans
les mairies de Paris.
Le ministre de l’intérieur est chargé de l’exécu-
tion du présent décret.
Fait à Paris, en conseil de Gouvernement, le 24
avril 1848.
Les membres du Gouvernement provisoire.
Le Gouvernement provisoire
Décrète :
La garde républicaine de l’hôtel de ville, compo-
sée de 600 hommes, forme un bataillon spécial.
Pait à Paris, en conseil de Gouvernement, le 24
avril 1848.
Les membres du Gouvernement provisoire.
Le Gouvernement provisoire vient de décider
que deux régiments d’infanterie et deux de cava-
lerie se rendront immédiatement à Paris pour y
tenir garnison. Ces régiments sont les 61e de ligne,
11e léger, 2e dragons et 5e lanciers.
Par suite de ce mouvement de troupe, cinq ba-
taillons de la garde nationale mobile vont occuper
les postes suivants :
Le 8e, forts de Bicêtre et d’Ivry ;
Le 9e, Courbevoie ;
Le 10e, forts de Noisy et de Romainville ;
Le 11e, fort d’Aubervilliers ;
Le 19e, forts d’lssy et de Vanves.
Le décret qui assujétit à une retenue proportion-
nelle tous les traitements, salaires, etc., payés par
l’État, va, dit-on, être étendu au salaire des con-
servateurs des hypothèques ; salaires qui, dans cer-
tains bureaux, s’élèvent, indépendamment des re-
mises, à vingt, trente et quarante mille francs.
Un arrêté du Gouvernement décrète l’application
d’un droit d’octroi à certaines denrées, telles que
le gibier, la marée, le poisson d’eau douce, les
huîtres et le beurre, qui, transportés directement
chez les consommateurs, échappaient au droit de
vente prélevé dans les marchés de la capitale.
Un autre décret réduit et régularise les droits
d’abattage et de caisse de Poissy pour la viande de
boucherie, et étend à la viande de porc et à la
charcuterie la suppression du droit d’octroi décré-
tée pour la viande de boucherie par arrêté du 18
avril 1848.
Il est ouvert un crédit de 2,000,000 fr. pour la
continuation du chemin de fer de Paris à la fron-
tière d’Allemagne, entre Strasbourg et Hommar-
ting.
Le Gouvernement provisoire a décrété le 23 a-
vril qu’au titre de commissaire du Gouvernement
près le tribunal de… sera substitué le titre de pro-
cureur de la République.
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
Liberté, Égalité, Fraternité.
mairie de paris.
Le membre du Gouvernement provisoire, maire
de Paris,
Vu les art. 34, 35 et 36 de l’instruction du Gou-
vernement provisoire en date du 8 mars dernier ;
Vu l’arrêté fait en mairie de Paris, le 12 avril
courant, relatif aux opérations électorales pour la
nomination des représentants du peuple dans le
département de la Seine,
Arrête :
Art. 1er. Le recensement général des votes aura
lieu le 28 avril courant, à l’hôtel de ville de Paris.
Art. 2. La séance sera ouverte à neuf heures du
matin, sous la présidence du doyen d’âge des mai-
res de Paris.
Art. 3. Les maires des arrondissements de Paris
et des communes rurales, accompagnés des délé-
gués nommés dans chaque bureau central, canto-
nal ou d’arrondissement, feront partie de la réu-
nion centrale de l’hôtel de ville. Ils s’y rendront
aux jour et heure indiqués ci-dessus.
Ils y apporteront le procès-verbal du bureau cen-
tral, cantonal ou d’arrondissement, et les annexes
(ou les procès-verbaux des diverses sections).
Art. 4. La réunion centrale désignera un de ses
membres pour faire les fonctions de secrétaire.
Art. 5. Il sera donné lecture des procès-verbaux
des diverses assemblées et des réclamations qu’ils
contenaient. La réunion centrale pourra donner
son avis sur les réclamations ; elles resteront join-
tes au procès-verbal comme documents propres à
éclairer la décision de l’Assemblée nationale, à la-
quelle appartient de statuer définitivement sur la
vérification des pouvoirs de ses membres.
Art. 6. La réunion centrale de l’hôtel de ville
n’aura pas à revenir sur les attributions des bulle-
tins faites dans les assemblées cantonales ou d’ar-
rondissement. Elle se bornera à faire le recense-
ment des votes suivant les procès-verbaux arrêtés
par ces assemblées.
Semblablement, si des candidats faisaient con-
naître qu’ils n’accepteraient point l’élection au cas
où ils obtiendraient la majorité légale, la réunion
centrale ferait mention de leur réclamation, mais
sans y donner d’autre suite. Ce serait à l’Assemblée
nationale à statuer.
Art. 7. Le recensement général terminé, le bu-
reau de la réunion centrale en informera immédia-
tement le maire de Paris et ses adjoints.
Art. 8. Les candidats qui auront réuni 2,000 suf-
frages au moins seront, suivant l’ordre des suffra-
ges qu’ils auront obtenus, proclamés représentants
du peuple par le membre du Gouvernement provi-
soire maire de Paris.
Si un nombre de candidats plus considérable que
celui des représentants à élire obtenait cette majo-
rité, celui ou ceux qui auraient obtenu le plus de
voix seraient seuls déclarés représentants.
En cas d’égalité de suffrages, le plus âgé serait
proclamé, sauf décision ultérieure de l’Assemblée
nationale.
Si au contraire le nombre des candidats ayant
obtenu la majorité exigée par l’art. 9 du décret du
5 mars était inférieur à celui des représentants at-
tribués au département de la Seine, il ne serait
proclamé que les citoyens réunissant ce nombre de
suffrages, et la représentation du département se-
rait complétée par une nouvelle élection qui au-
rait lieu huit jours plus tard.
Arl. 9. Un procès-verbal constatant l’accomplis-
sement de toutes ces opérations sera rédigé et si-
gné par les membres du bureau de la réunion cen
trale.
Armand Marrast.
FAIT ÉLECTORAL.
Une question au président du bureau de la 13e
section électorale du 3e arrondissement. Pourquoi
le citoyen président, au lieu de jeter un bulletin
de vote dans l’urne, l’a-t-il jeté au bas de l’urne
de manière que le bulletin reste sur la table ? Est-
ce pour le réviser ou le remplacer une fois l’élec-
teur sorti ? A voir le jeu de ces messieurs, il parait
qu’ils ont largement compté sur la mansuétude de
la République.
Variétés.
APPLICATION DE LA VAPEUR A L’AGRICULTURE.
Nous ne savons plus où nous avons vu un ta-
bleau représentant un savant assis devant une
marmite et abîmé dans de profondes réflexions.
Au-dessous, nous avions lu ces mots : « Cette mar-
mite sauvera le monde. »
Oui, cette marmite sauvera le monde, et l’on sera
de l’avis du savant, quand on saura que celte mar-
mite était celle de Papin. On sait les nombreuses
applications de la vapeur ; elles sont cependant loin
d’être épuisées. Après avoir vu les miracles accom-
plis par Watt et Fulton, ces deux immortels et pa-
cifiques conquérants de la matière, on s’étonnait
que-l’intelligence humaine n’eût pas découvert
quel immense profit l’agriculture, la plus belle des
sciences, pouvait tirer de cette force miraculeuse.
Cela provient sans doute du discrédit où était
tombée cette mère nourricière de la France. L’im-
mense développement industriel donné à notre
pays, cette fatale et irrésistible tendance qui pous-
saient et entassaient les hommes dans les villes,
l’incurie des hommes d’état, tout contribuait à re-
tarder l’essor agricole de la nation française.
Aujourd’hui que les barrières du despotisme
sont à jamais tombées, aujourd’hui que le peuple
a enfin pris possession de son domaine, s’il ne
veut pas qu’une caste cupide et insolente puisse
l’en chasser un jour, s’il ne veut pas qu’il s’ouvre
une ère d’anarchie, d’horribles commotions me-
nant à une réaction inévitable, irrésistible, il
cherchera immédiatement la réalisation des grands
principes qu’il vient de proclamer, il formulera
ceux qui, vagues encore, n’en sont pas moins d’u-
ne applicabilité immédiate. Sans entrer dans de
plus grands détails, nous nous bornons A dire que
le salut de la France est dans l’agriculture.
Le général Dubourg écrivait hier dans sa profes-
sion de foi : « Je m’occuperai encore sans relâche
de fixer l’attention du Gouvernement sur l’agricul-
ture. Les agriculteurs théoriciens prétendent que
notre agriculture a fait de grands progrès. La vé-
rité est que depuis trente-trois ans cette source
principale de la richesse nationale a été négligée,
et quand on compare nos soi-disants progrès en
agriculture à ceux réalisés chez nos voisins, on
voit combien nous sommes en arrière et à quel
point nos grands intérêts nationaux ont été négli
gés par les deux derniers gouvernements. N’est-il
pas honteux qu’il existe en France un département
des Landes ? c est-ce pas une grande honte, puis-
qu’on peut le transformer en département des
Prairies
«Par la faute des derniers gouvernements, les
campagnes se dépeuplent et les villes s’encombrent
de malheureux que les fabriques ne peuvent em-
ployer et auxquels d’ailleurs elles ne peuvent of-
frir qu’un salaire insuffisant pour la subsistance
d’une famille.
« La France peut être manufacturière et com-
merciale ; mais pour cela il faut qu’elle commence
par être grandement agricole, et c’est ce que les
gouvernants n’ont jamais voulu comprendre. C’est
la population agricole qui doit consommer la
moyenne partie du produit des machines du pays ;
l’exportation ne vient qu’après. Si la République
ne se passionne pas pour l’agriculture, je le pro-
clame hautement, son existence sera continuelle-