JournauxLe Temps–
JEUDI 22 JANVIER 1880.
–
L’ABONNEMENT jou14 francs — Six mois, 8 francs — Un an, 56 francs17 francs – 4 francs – 68 francs…TENT DES 1er ET 16 DE CHAQUE MOIS–
…partements) 20 centimes.
–…pond pas des articles communiqués
…harge pas de les renvoyer.
–prétendant, mécontentement qui s’est accusé
par la publication, dans le journal l’Ordre,
d’une note très acerbe et même injurieuse pour
les
manifestants. L’organe officiel du prince,
faisant allusion à MM. de Cassagnac et Amigues, traitait ces messieurs « d’individualités sans autorité », il ajoutait : « Nous
supplions nos amis de se garder avec soin de ces pérégrinations puériles — puériles, le mot est dur — dans
lesquelles la main de la police pourrait bien ne pas rester étrangère. » Ainsi, M.de Cassagnac avait peut-être été acclamé par la police. On comprend à quel degré d’irritation une telle insinuation a dû porter l’âme irascible du député du Gers. Aussi, hier soir,
le Pays a-t-il publié, sous la signature de son rédacteur en chef,
contre le journal l’Ordre et contre l’entourage du prince, la plus
violente des diatribes. Le morceau est trop long pour qu’on puisse le citer entier, mais les
passages suivants donneront une suffisante idée du ton général de l’article. Voici d’abord
ce qui concerne le rédacteur en chef de l’Ordre, le personnage qui est, avec M. Rouher, une des colonnes du parti, M. Pascal : Celui qui nous traite d’individualités sans autorité dans le parti impérialiste est ce renégat de toutes opinions, ce M. Pascal qui, naguère encore, étant préfet de Nantes, insultait et outrageait publiquement ce même parti impérialiste qu’il exploite aujourd’hui avec la même impudeur, avec le même cynisme et avec la même conviction. Après cette exécution de M. Pascal, l’auteur
s’exprime ainsi sur le compte du journal lui-
mĂŞme, de ses
rédacteurs, de ses familiers : Et le journal l’Ordre, qui se permet avec nous
des airs de domestique de
mauvaise maison, est le
journal qui végète, grâce à des aumônes forcées,
et qui peut se
vanter d’avoir coûté plus de treize
cent mille francs à notre parti épuisé. Ce M. Pascal et ce journal l’Ordre, voilà sans
doute ce qui pose pour
l’autorité, pour le prestige,
pour l’honneur du parti ! Allons ! allons ! le moment est triste et dur,
quand les valets relèvent la tête et frappent du
plumeau ceux dont ils jalousent l’influence, et envient la réputation intacte! Et pourquoi cette misérable attaque ? Pourquoi ? Je vais vous le dire, moi : Vous êtes dans ce journal des inconnus ou des
banquistes, des nullités ou sans action sur un
parti que vous avez ruiné et sur lequel vous vous
appliquez avec la rapacité entêtée des
insectes
sous-cutanes. « Insectes sous-cutanés », est peut-être excessif ; aussi on ne peut que laisser à M. de Cassagnac la responsabilité de cette classification entomologique des membres les plus marquants du parti auquel il appartient et dont il connaît
si bien le personnel. Cependant, après avoir ainsi dit leur fait aux bonapartistes de l’Ordre, M. Paul de Cassagnac a voulu mettre le prince Napoléon en dehors de la querelle, et il a
terminé son article par ces mots : D’ailleurs, vous êtes assez bêtes pour avoir,
comme d’habitude, dépassé la consigne qu’on vous
avait donnée, si toutefois on vous l’avait donnée,
et je veux croire que le prince n’est
pour rien dans
cette algarade, où vous n’aurez pas le dernier mot,
je vous le jure ! Cette illusion dont se berçait M. de Cassagnac
que le prince Napoléon n’était pour rien dans
« cette algarade » n’a
pu être de longue durée,
car hier soir, au moment mĂŞme oĂą paraissait
le Pays, l’Ordre et l’Estafette publiaient une
note identique où se lisait la déclaration suivante : Devant le langage si peu mesuré du Pays, nous
invitons nos amis Ă se
défendre de ces excitations,
que nous réprouvons hautement. Notre politique
est absolument
opposée à celle que recommande
M. Paul de Cassagnac, et nous sommes assurés, en
l’affirmant, de n’être pas désavoués par
le prince
qui est actuellement le chef de la famille Bonaparte et du parti de l’appel au peuple. Les termes de cette note ne permettent pas le
doute sur sa provenance. C’est le prince Napoléon qui prononce lui-même la condamnation de M. Paul de Cassagnac et de M. Jules Amigues. Ce dernier ne s’y trompe pas, et dans son journal le Petit
Caporal il fait suivre la reproduction de la note de cette amère réflexion : Ce qui ressort clairement de cette note, c’est que
le prince Jérôme a le vif souci d’éviter les
témoignages de sympathie populaire. Nous croyons que le peuple les lui épargnera. Voilà , pour l’heure, où en est le parti impérialiste. Dans quelque peu de considération qu’on tînt ce parti, on n’osait pas prévoir
une si profonde décadence et un si entier abaissement.