PRÉFACE. L’instruction publique ou privée des jeunes personnes pèche,
en général, par le défaut
de méthode ; et, si elle échappe à la négligence, ce n’est
que pour tomber dans un luxe scientifique qui n’aboutit le plus souvent qu’à la
stérilité. Cela tient à ce que, soit dans la famille, soit dans la plupart des maisons
d’éducation, la direction de leurs études manque
essentiellement de ces traditions classiques qui assignent Ă chaque chose son temps,
et soumettent l’enseignement à cette gradation naturelle qui en est la première loi
et la plus sûre garantie. Un ouvrage qui répondit à ce
besoin, était à faire : nous voulons dire un cours gradué, qui embrassât, dans l’unité d’un enseignement progressif et
simultané, l’ensemble des connaissances indispensables à l’instruction d’une jeune
personne, et qui, tout en venant en aide aux institutrices, fùt particulièrement utile
aux mères de famille, en leur offrant le moyen de diriger elles-mêmes les études de leurs filles. Mais le plan n’était pas arbitraire ; il fallait le demander à la
pratique constante
et éprouvée d’un établissement public dont
le nom fît autorité. Anciennes élèves de
Saint-Denis, nous n’avions qu’à recueillir nos souvenirs. La
maison de la Légion-d’Honneur, fondée par l’État sous l’inspiration d’une grande
pensée sociale, et dirigée par des institutrices illustres selon des traditions
sagement combinées avec les besoins nouveaux de l’éducation et de l’instruction, nous
présentait naturellement ce que nous cherchions. C’est d’après le plan d’études suivi
dans cette maison justement populaire, que nous avons rédigé l’ouvrage que nous
offrons au public sous le titre de Cahiers
d’une Élève de
Saint-Denis. Il est presque inutile de faire remarquer que le plan est notre
seul
emprunt. Le reste nous appartient, et nous en réclamons
toute la responsabilitĂ©, Ă
la faveur d’une collaboration sans laquelle nous n’aurions
jamais eu la prétention d’aborder un travail aussi vaste et
aussi compliqué. L’enseignement de nos cahiers est réparti en six années, subdivisées en semestres. Chaque année renferme une période complète, ou ce qu’on appelle une classe. Quant à l’esprit dans lequel l’ouvrage a été composé, les personnes éclairées peuvent être d’avance rassurées sur ce point. Nous sommes de
l’école de Lhomond et de Rollin, et nous croyons que l’instruction a suffisamment
atteint son but, quand elle a réussi à former le jugement et le goût. Pour le reste, ce
n’est pas trop de la vie entière. Janvier 1833.