559LA VIE MODERNEJe suis forcé d’annoncer seulement le Voyage en Orient, deux volumes de
M. Joseph Reinach, que j’ai à peine eu le temps de parcourir, mais où j’ai
dès les premières pages reconnu un
écrivain de race et un observateur très
sagace et très exact. M. Reinach est un tout jeune homme, et cependant
son livre est d’un homme fait, qui sait voir, analyser et
raconter. Réf. bibl.PETITE BIBLIOGRAPHIE Le Roi des Limiers (Affaire de femme), par Eugène Chavette. Un de ces
livres amusants comme en sait faire notre joyeux confrère. Cela se passe
en 1800, lors de l’attentat contre le
premier Consul qui eut lieu rue Saint-Nicaise, et auquel il n’échappa que par miracle.
Saint-Réjant et Carbon, les deux principaux coupables de la machine infernale, périrent sur l’échafaud ; mais le
malheureux Patapon, le Roi des Limiers dont M. Chavette nous conte les aventures, finit d’une façon plus tragique encore. Voir le livre que j’ai lu
d’une haleine, et que je recommande comme un passe-temps des plus agréables. Le Monsieur de la Nouveauté, par Rachilde. L’auteur, s’il faut en croire
la préface mise en
tête de ce volume par M. Arsène Houssaye, est une
jeune fille de dix-sept ans. Quelle Ă©trange imagination a cette jeune fille
et quelle haine pour les commis de magasin !... Ce n’est certes pas sans
valeur, mais comme j’aimerais mieux que Mlle Rachilde nous contât simplement ce qu’elle sait, ce qu’elle a vu, ce qu’elle a
senti, que ce gros mélodrame très scabreux d’ailleurs, mais dans lequel on sent par trop le chic.
Ah ! Mademoiselle,
il y a bien peu de document humain dans votre livre ! La Peau du mort, par Camille Debans. Un roman d’aventures très émouvant et qui a dû faire merveille en feuilleton dans un journal à un sou. De l’intérêt à en revendre, c’est
tout ce qu’on peut demander à un ouvrage de ce genre. Les Soupers de la princesse Louba d’Askoff, par Olympe Audouard. Drame
d’amour et de nihilisme,
dit le sous-titre du roman. Et, en effet, le livre de
Mme Olympe Audouard est à la fois passionné et politique. On assure que
tout y est vrai, c’est possible ; en
tout cas, il apporte de nouveaux renseignements sur le nihilisme et il est d’ailleurs fort
intéressant. Grammaire de la musique, par MM. Alexandre Bisson et Théodore de Lajarte.
Ceci est un ouvrage spécial destiné à rendre de très grands services. Les
personnes qui
apprennent la musique, sont en effet trop souvent rebutées,
dès le commencement, par la sècheresse et l’aridité des
principes. La Grammaire de la musique aplanit ces difficultés
premières et rend attrayante
l’étude de cet art charmant, dont la connaissance devient de plus en plus
nécessaire. Ce résultat est obtenu par la clarté des renseignements et la simplicité
de la méthode. Je suis heureux de pouvoir signaler cette publication aux lecteurs de la Vie
Moderne.
Armand d’ARTOIS. Réf. bibl.VIEUX MOTS A RAJEUNIRDdéblouir (Se), rouvrir les yeux, sentir les paupières qui se dessillent. —
C’est bien le moins, après avoir été ébloui, que l’on soit débloui. deffubler, le contraire logique d’affubler.
Le chantre de sa chasuble
Demande qu’on le deffuble. dégosiller, égorger. — On croit entendre la victime s’égosiller pendant qu’on la dégosille.
Brr... ! un verbe qui donne froid et serait presque un argument pour les partisans de l’abolition de la peine de mort ! déhousser, ôter sa housse, mourir.
A l'an soixante-douze
Est temps que se déhousse.
Et les néologues de la brasserie et de l'atelier croient avoir fait du neuf en inventant les expressions figurées de rentrer son fiacre, casser sa pipe, dévisser son billard, avaler sa fourchette, etc.
Je signale ce mot à M. Zola.délicater, soigner délicatement. — N'y a-t-il pas une certaine délicatesse dans ce verbe efféminé, qui devait être cher aux personnes délicates ?desprier, le contraire logique de prier.
Il luy falut desprier ses prières.
Un commentateur met en note : « Le mot desprier vient si bien ici, qu’on n’en saurait trouver un plus clair, plus court, ni plus expressif, et par conséquent, il serait ridicule de faire difficulté de l’employer en pareil cas. Loin de le bannir de nos dictionnaires, il faudrait l’y conserver précieusement. DESMOULINS. Réf. bibl.
CORRESPONDANCE L’œuvre d’adoption des petites filles abandonnées, sous le patronage des femmes artistes, nous adresse la lettre suivante : Paris, le 21 novembre 1879.
Monsieur le rédacteur en chef,
Nous sommes un groupe d’artistes femmes, ayant à notre tête Mme Tarbé des Sablons. Nous venons vous demander aide et protection.
Depuis quelques …Chronique scientifique
L’éclairage de l’avenir
Rassurez-vous, mes chers lecteurs. Ce n’est pas de l’éclairage électrique, en si grand honneur en ce moment, que j’entends parler. À Dieu ne plaise que j’en médise ! Mais l’avenir auquel je veux me reporter en pensée n’est pas celui que verront nos fils, nos petits-fils et nos arrière-petits-fils. En l’an 3000, les cloches à gaz et les bougies Jablochkoff, que j’admire parce que je suis un bourgeois de l’an de grâce 1879, seront allées, en compagnie de bien d’autres merveilles, rejoindre les vieilles lunes oubliées.
C’est un lieu commun prudhommesque de s’extasier sur les progrès scientifiques de notre temps, et de répéter que nos descendants riront de
Armand d’ARTOIS. Réf. bibl.VIEUX MOTS A RAJEUNIRDdéblouir (Se), rouvrir les yeux, sentir les paupières qui se dessillent. —
C’est bien le moins, après avoir été ébloui, que l’on soit débloui. deffubler, le contraire logique d’affubler.
Le chantre de sa chasuble
Demande qu’on le deffuble. dégosiller, égorger. — On croit entendre la victime s’égosiller pendant qu’on la dégosille.
Brr... ! un verbe qui donne froid et serait presque un argument pour les partisans de l’abolition de la peine de mort ! déhousser, ôter sa housse, mourir.
A l'an soixante-douze
Est temps que se déhousse.
Et les néologues de la brasserie et de l'atelier croient avoir fait du neuf en inventant les expressions figurées de rentrer son fiacre, casser sa pipe, dévisser son billard, avaler sa fourchette, etc.
Je signale ce mot à M. Zola.délicater, soigner délicatement. — N'y a-t-il pas une certaine délicatesse dans ce verbe efféminé, qui devait être cher aux personnes délicates ?desprier, le contraire logique de prier.
Il luy falut desprier ses prières.
Un commentateur met en note : « Le mot desprier vient si bien ici, qu’on n’en saurait trouver un plus clair, plus court, ni plus expressif, et par conséquent, il serait ridicule de faire difficulté de l’employer en pareil cas. Loin de le bannir de nos dictionnaires, il faudrait l’y conserver précieusement. DESMOULINS. Réf. bibl.
CORRESPONDANCE L’œuvre d’adoption des petites filles abandonnées, sous le patronage des femmes artistes, nous adresse la lettre suivante : Paris, le 21 novembre 1879.
Monsieur le rédacteur en chef,
Nous sommes un groupe d’artistes femmes, ayant à notre tête Mme Tarbé des Sablons. Nous venons vous demander aide et protection.
Depuis quelques …Chronique scientifique
L’éclairage de l’avenir
Rassurez-vous, mes chers lecteurs. Ce n’est pas de l’éclairage électrique, en si grand honneur en ce moment, que j’entends parler. À Dieu ne plaise que j’en médise ! Mais l’avenir auquel je veux me reporter en pensée n’est pas celui que verront nos fils, nos petits-fils et nos arrière-petits-fils. En l’an 3000, les cloches à gaz et les bougies Jablochkoff, que j’admire parce que je suis un bourgeois de l’an de grâce 1879, seront allées, en compagnie de bien d’autres merveilles, rejoindre les vieilles lunes oubliées.
C’est un lieu commun prudhommesque de s’extasier sur les progrès scientifiques de notre temps, et de répéter que nos descendants riront de