3 mars 1850.
M. de Girardin ne ménage guère la
transition, dans son Ă©volution actuelle, de
la république démocratique et sociale à la
monarchie. Nous lisons dans la Presse de
ce matin : DimancheOn ne saurait séparer avec trop de soin la
cause du suffrage universel de la cause de la
présidence élective, car il faut tout prévoir ;
il faut prévoir même le cas où, soit par la mobilité des esprits, soit par l’inhabileté des hommes, soit par le concours des événemens, le
rétablissement de la monarchie constitutionnelle aurait lieu en France ; eh bien, je dis que
même dans ce cas, le rétablissement de la
royauté constitutionnelle ne devrait s’effectuer
qu’à la condition absolue de ne porter aucune
atteinte au suffrage universel, tel qu’il s’est mené depuis 1848. Prétendra-t-on que la France n’a pas le droit de rétablir la royauté constitutionnelle ? Alors, je demanderai ce que signifiaient ces paroles de Ledru-Rollin, le 24 février 1848, à la tribune de la chambre des députés, avant que la royauté eut été abolie et la régence écartée : « Le peu- ple est debout, vous ne pouvez rien faire sans le consulter. » Demander un avis, n’est-ce donc pas admettre le droit de le donner ? Oui, le pays, oui, la France, oui, la majorité auraient le droit de rétablir la monarchie représentative, car la monarchie représentative et le suffrage universel sont parfaitement compatibles ; car la royauté constitutionnelle, loin de porter aucune atteinte à la souveraineté populaire, en est la consécration solennelle.M. de Girardin déclare que la royauté constitutionnelle est la consécration solennelle de la souveraineté populaire ; il maintient que dans le choix de la forme du gouvernement, le peuple a le droit d’être consulté ; il a répété mille fois, il n’y a pas six mois, que la République a été imposée à la France par une minorité. Quelle conclusion tirer de ces trois assertions ? Qu’il faut revenir à la royauté constitutionnelle par l’appel au peuple ; c’est justement la thèse de M. de Lourdoueix. Si la Presse est conséquente, nous aurons deux Gazettes de France. Hier, M. de Girardin donnait la main à M. Proudhon ; aujourd’hui, il ressuscite M. de Genoude. Cela n’empêche pas la Presse de crier tous les matins : guerre à l’apostasie! 3 Mars 1850 Patrie.
atteinte au suffrage universel, tel qu’il s’est mené depuis 1848. Prétendra-t-on que la France n’a pas le droit de rétablir la royauté constitutionnelle ? Alors, je demanderai ce que signifiaient ces paroles de Ledru-Rollin, le 24 février 1848, à la tribune de la chambre des députés, avant que la royauté eut été abolie et la régence écartée : « Le peu- ple est debout, vous ne pouvez rien faire sans le consulter. » Demander un avis, n’est-ce donc pas admettre le droit de le donner ? Oui, le pays, oui, la France, oui, la majorité auraient le droit de rétablir la monarchie représentative, car la monarchie représentative et le suffrage universel sont parfaitement compatibles ; car la royauté constitutionnelle, loin de porter aucune atteinte à la souveraineté populaire, en est la consécration solennelle.M. de Girardin déclare que la royauté constitutionnelle est la consécration solennelle de la souveraineté populaire ; il maintient que dans le choix de la forme du gouvernement, le peuple a le droit d’être consulté ; il a répété mille fois, il n’y a pas six mois, que la République a été imposée à la France par une minorité. Quelle conclusion tirer de ces trois assertions ? Qu’il faut revenir à la royauté constitutionnelle par l’appel au peuple ; c’est justement la thèse de M. de Lourdoueix. Si la Presse est conséquente, nous aurons deux Gazettes de France. Hier, M. de Girardin donnait la main à M. Proudhon ; aujourd’hui, il ressuscite M. de Genoude. Cela n’empêche pas la Presse de crier tous les matins : guerre à l’apostasie! 3 Mars 1850 Patrie.