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Cote : g226_7_f_295__v____ | ID_folio : 2734 | ID_Transcription : 2605 | ID_Image : 8201
560 LA VIE MODERNE. la naïveté et de l’ignorance de leurs aïeux du xix e siècle. Car les vérités
d’alors auront dépassé les utopies d’aujourd’hui. Justifions-nous donc
d’avance, s’il est possible, en donnant libre carrière à notre imagination et
escomptons l’avenir ; nos rêveries seront des réalités dans mille ans.
Rêvons donc à notre problème d’éclai-
rage idéal.
La solution la plus élégante de ce
problème, dirait un mathématicien de
profession, consisterait Ă  prolonger la
durée du jour par l’arrêt du Soleil sur
l’horizon.
Avec l’aide de Dieu et les conseils d’un
ingénieur comme Josué, pareille affaire
ne serait qu’une bagatelle.
Mais quelles conséquences ! Nos anti-
podes perdraient un nombre d’heures
de clarté égal à celui que nous gagne-
rions nous-mêmes, et s’il prenait fan-
taisie à notre hémisphère de fixer dé-
finitivement le Soleil, la moitié de la
Terre serait obligée de déménager et
de se condamner aux chandelles Ă  per-
pétuité.
Donc le procédé est peu pratique et il
faut y renoncer.
C’est cependant au Soleil qu’il faut
s’adresser pour avoir de la lumière à bon
marché. — Si l’on pouvait, par un moyen
quelconque, emmagasiner les rayons
qu’il nous prodigue pendant le jour et les
mettre en liberté à la brune !
Cela est-il vraiment irréalisable ? Il est toute une catégorie de corps
dits phosphorescents qui jouissent de la
propriété d’absorber de la lumière quand
ils sont exposés au soleil ou même à la
clarté diffuse du jour, et de la rendre dès
qu’on les plonge dans l’obscurité.
Le nombre des corps phosphorescents
est assez considérable.
Au nombre des plus sensibles se
trouvent : le phosphore de Bologne,
qui est le sulfure de baryum, obtenu en
calcinant avec une matière organique
une variété de sulfate de baryte qui se trouve aux environs de Bolo-
gne ; le phosphore de Canton, qui est le sulfure de calcium, préparé par
Canton en calcinant un mélange de soufre et d’écailles d’huîtres pulvéri-
sées ; enfin diverses substances telles que le sucre, la chair de certains mol-
lusques, etc.
première neige. — Dessin de G. Rochegrosse. D’autres corps désignés plus particulièrement sous le nom de fluo-
rescents présentent le phénomène de phosphorescence, mais pendant une
durée tellement courte que, dans le mode d’observation ordinaire, l’é-
mission de la lumière par le corps paraît cesser en même temps que
l’arrivée des rayons solaires sur lui.
Ce phénomène est plus commun que
celui de la phosphorescence de longue
durée. Il se produit avec la plupart des
matières organiques, le sulfate de qui-
nine, la chlorophylle, etc., et un certain
nombre de substances minérales telles
que le spath fluor et le verre d’urane.
Nous allions oublier dans cette no-
menclature le phosphore qui doit son nom
à cette intéressante propriété.
Mais tous ces corps sont faiblement
phosphorescents ; ils ne rendent qu’une
très petite proportion de la lumière qu’ils
ont reçue et ne donnent qu’une lueur et
non une lumière. Il faudrait trouver (et
je vous prédis qu’on y arrivera) une sub-
stance capable d’absorber une grande
quantité de lumière quand elle sera sou-
mise à la clarté du jour, ou à une lumière
artificielle quelconque, et de l’émettre
petit à petit dans l’obscurité.
Dès lors l’éclairage public se fera sim-
plement par règlement de voirie. Les
propriétaires des immeubles seront tenus
de faire badigeonner les façades, à des
intervalles déterminés, avec la substance
phosphorescente. Et dès que la nuit vien-
dra, les rues seront éclairées par la
radiation des façades.
Chacun d’ailleurs aura la liberté, pour
son éclairage intérieur, de faire recouvrir
les murs de son appartement de papier
ou de peinture phosphorescente, ou, s’il
le préfère, de s’éclairer avec des baguettes
phosphorescentes exposées au soleil pen-
dant le jour.
VoilĂ  les lampes Ă  huile, les becs de
gaz et l’éclairage électrique bien dis-
tancés !
Ne croyez-vous pas Ă  ce rĂŞve ? Je vous dis, moi, que ce rĂŞve sera un jour
une réalité.
En attendant ce jour, que nous ne verrons ni vous ni moi, défendons la
lumière électrique, qui est le progrès, et vive Jablochkoff ! ! !
Henry VIVAREZ.

Transcription :

Document « brut » imprimé

Titre de la page : Chronique scientifique

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